D’un océan à l’autre : une exposition en terre canadienne

On pénètre dans cette nouvelle exposition comme on s’embarque dans un voyage à travers les plaines canadiennes. De l’Atlantique au Pacifique, les paysages se succèdent et ne se ressemblent pas. Pourtant, un art pictural émerge. Des artistes, touché.es par la nature qui les environne, s’arment de pinceaux et de toiles pour se mettre à peindre. Pas d’ordre chronologique ni de regroupement par mouvement artistique, ici les œuvres se mélangent et se répondent dans la vaste symphonie d’un monde fait d’eau et de neige.

Par Camille Sainson, journaliste multiplateforme

Crédit photo : MNBAQ, Louis Hébert et Emmanuelle Letendre-Lévesque

En ce début d’année 2024, le Musée national des beaux-arts du Québec accueille une toute nouvelle exposition intitulée « Générations. La famille Sobey et l’art canadien ». En effet, c’est à travers trois générations que la collection particulière de la famille Sobey s’est construite, et a permis de préserver tout un héritage artistique. Ce sont 150 œuvres d’une trentaine d’artistes canadien.nes qui ont été sélectionnés pour parcourir le pays et ravir les yeux des spectateur.ices.

Lorsque nous pénétrons dans la première salle, nous sommes rapidement impressionné.es par le patchwork de cadres qui nous entoure. Entre dorures baroques et contours lisses en bois sobre, passe-partout blanc autour de la toile ou non, l’hétérogénéité, loin de souligner tout ce qui sépare ces œuvres, parvient à les rapprocher, à former un ensemble cohérent. Les impressionnistes côtoient le Groupe des Sept et le Refus Global, les Québécois se mélangent aux artistes anglophones, mais une vision éclot : celle d’un pays aux couleurs communes. La blancheur de la neige, l’odeur verte des sapins, la fraîcheur des flots bleus, les sensations se succèdent et brossent le portrait fidèle d’une nature qui s’étend sur plus de cinq mille kilomètres.

Crédit photo : MNBAQ, Louis Hébert et Emmanuelle Letendre-Lévesque

Nous nous arrêtons devant Au matin, lac O’Hara (J.E.H. Macdonald), Premiers jours de mars (Maurice Cullen) ou encore Barque dans la tempête au large d’un littoral rocheux (John O’Brien). Nous arpentons les huit salles qui s’offrent à nous avec beaucoup de délices, nous nous laissons porter par les émotions qui nous submergent, par les échos que ces paysages provoquent en nous. Un rayon de soleil caresse un toit enneigé, la lune s’étale sur la surface d’un lac immobile, quelques présences humaines s’attardent au premier plan.

Nous sommes ravi.es que cette exposition ait, pour cette sixième étape, choisi de poser ses bagages à Québec. Elle vient toucher du doigt le fleuve, porte ouverte vers l’Atlantique, et s’inscrit dans une tentative d’unification des genres et des cultures. Esquisse d’un portrait, d’un paysage commun, elle est finalement une déclaration d’amour aux terres canadiennes.

Crédit photo : MNBAQ, Louis Hébert et Emmanuelle Letendre-Lévesque

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