Eddy De Pretto : Le petit prince de l’Impérial

À quelques jours de la fin de la saison des gémeaux, Eddy De Pretto faisait, samedi soir dernier, sa deuxième apparition à vie à l’Impérial Bell. 1h30 de lumières stroboscopiques, de Quebec City, de jeunes, de très jeunes, de vieux, d’amour de part et d’autre de la scène.

Par Emmy Lapointe, rédactrice en chef 

Les samedis à l’Impérial
La semaine dernière, même jour, même poste, j’étais à l’Impérial pour voir Klô Pelgag. Elle était insane, comme toujours. Vocalement toujours aussi juste malgré les six changements d’octave par couplet, même chose pour ses choristes/cousines/comédiennes. Mais quelque chose rendait le tout un peu morose, quelque chose dans le public qui ne prenait pas. J’ai, pour cette ambiance mollo, deux hypothèses : la première partie était d’un ennui fou et je pense que la pandémie a rendu les foules dysfonctionnelles. Je n’étais donc pas fâchée d’apprendre par courriel qu’il n’y aurait pas de première partie et que le spectacle débuterait à 20h30 tapantes. Et je m’attendais, malgré tout, à une soirée relaxe.

20h29, les lumières de la salle s’éteignent. On ne voit plus rien, aucune lumière de téléphone qui s’allume, tout le monde joue le jeu. Ça chuchote, de rumeur en rumeur, certain.e.s savent très bien où Eddy se trouve dans la salle, mais iels gardent le secret jusqu’à ce que le projecteur s’allume quelque part entre la sixième et la dixième rangée. Dans son petit t-shirt rayé (fuck, on croirait voir le sosie de William, le chef aux arts), il apparaît, micro à la main, et entonne a cappella « Bateaux-Mouches ». La foule est déjà comblée, le petit prince charme.

Quelques chansons de son dernier album s’enchaînent; visiblement, tout le monde ne connaît pas bien À tous les bâtards, moi y compris, mais on joue le jeu. Au bout de quelques chansons du dernier opus, l’énergie de la salle redescend, mais Eddy connait son public (et sa setlist); il revient avec ses classiques – parce que oui, même avec une jeune carrière le chanteur a des classiques – « Quartier des lunes » et « Fêtes de trop ». Et ce sera là, à mon avis, le peak de la soirée. Le plancher de l’Impérial reprendra la flexibilité de l’espace-temps d’Einstein, les lumières feront voir la foule en noir et blanc.
Les yeux ouverts, les yeux fermés, ça ne change rien, il reste toujours les corps de haut en bas, et c’est une certitude qui rassure à 30 heures de mes 25 ans.

La santé cardiovasculaire de la foule vacillante accueille avec chaleur les quelques pièces plus douces de son répertoire, et à l’écoute de « Pause » et de la voix enregistrée d’Iseult, on se surprend à espérer qu’elle apparaisse aux côtés d’Eddy. Puis, le chanteur a offert une nouvelle chanson pas encore disponible sur les plateformes, une chanson dont les paroles et la musique, pour une rare fois, étaient toutes les deux tristes. Et même si je n’ai pas été renversée par son nouveau morceau – les chansons de rupture ne me font jamais rien à sa défense – j’étais contente d’entendre Eddy avoir de nouveaux motifs dans sa composition musicale, parce que même si je l’aime vraiment fort, il faut admettre que la plupart de ses compositions se ressemblent beaucoup.

Puis, sans surprise sans doute (mais avec plaisir quand même), le concert s’est terminé avec « Grave » qui demeure mon morceau préféré, « Random » et le retour de « Bateaux-Mouches ». Le rappel sur le petit balcon, c’était « Kid », prévisible, mais souhaité.

Samedi soir dernier, Eddy De Pretto est monté sur scène avec cinq musicien.ne.s, a soulevé la foule à bout bras et l’a fait sentir spéciale, et c’est peut-être ce qui manquait aux derniers shows que j’ai vus, quelque chose comme un dialogue.

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