La rentrée dans les théâtres de Québec

Les théâtres de Québec lancent leur saison 2019-2020. Des productions éclectiques, pour tous les goûts. Le prix moyen d’un billet étudiant est de 28$, une sortie culturelle qui n’est pas toujours donnée j’en conviens. Les abonnements peuvent être avantageux, sinon, c’est toujours un chouette cadeau à offrir à soi ou à quelqu’un.

 

Le miel est plus doux que le sang

24 septembre au 5 octobre au Théâtre Périscope
Texte : Simone Chartrand et Philippe Soldevila, mise en scène : Philippe Soldevila

La pièce de Simone Chartrand et Philippe Soldevila, refaite à l’occasion du trentième anniversaire du Théâtre Sortie de Secours, nous plonge dans une Espagne de l’Entre-deux-guerres qui n’a aucun compte à rendre au réel. Mise en scène inventive et drôle qui donne à la pièce une allure de vaudeville ou de film muet. Le jeu des comédiens est d’une précision chirurgicale. Au départ, Vincent Legault, dans le rôle de Salvador Dalí, nous rend habilement mal à l’aise, puis nous charme tout aussi bien par la suite. La musique et le décor soutiennent bien le tout. Les 2 h 40 passent sans qu’on ait eu le temps de décrocher, et une fois à l’extérieur de la salle, on n’a qu’une envie : éplucher les œuvres de Buñuel, García Lorca et Dalí.

 

Lentement la beauté

17 septembre au 12 octobre au Théâtre de La Bordée
Texte et mise en scène : Michel Nadeau

Lentement la beauté lance en douceur la programmation 2019-2020 du Théâtre de La Bordée. Ancrée dans une ville de Québec qu’on reconnaît trop bien, la pièce de Michel Nadeau est une critique du quotidien, du « jour après jour après jour » qui s’incruste et ankylose celui qui le porte sans en être conscient. Mais c’est aussi une ode à l’art qui est, pour reprendre les mots d’un certain Kafka, « un coup de hache qui fend la mer gelée en nous ». Le jeu d’Hugo Frenette est simple et touchant.

La pièce n’a rien de choquant ou de très renversant au sens où elle ne nous brusque pas, mais le message n’est pas perdu pour autant.

 

Le cercle de craie caucasien

17 septembre au 12 octobre au Trident
Texte : Bertolt Brecht, mise en scène : Olivier Normand

Depuis quelques saisons déjà, peut-être par souci de se renouveler, le Trident semble affectionner l’hybridité des médiums pour leurs productions théâtrales. La saison dernière, c’était Antigone, et cette fois, c’est au tour du Cercle de craie caucasien. Entre les projections multimédias et la musique « électro » (souvent trop forte) interprétée à même la scène, le jeu des comédiens est un peu éclipsé. La mise en scène est flamboyante, mais froide, et les personnages ne résonnent pas. Néanmoins, la scénographie est très bien et les comédiens ne sont coupables d’aucune fausse note.

 

Fièvre

24 septembre au 12 octobre au Théâtre Premier Acte
Texte et mise en scène : Rosalie Cournoyer

Fièvre, première production officielle de la compagnie Vénus à vélo et de Rosalie Cournoyer, est plutôt convaincante. L’ouverture de la pièce sur un décor blanc, rose, vaporeux, porté par la musique de Rébecca Marois et laissé sans paroles plusieurs minutes donne bien le ton pour la suite. Rosalie Cournoyer aborde avec netteté, mais surtout avec délicatesse le suicide et ses victimes collatérales. Mise en scène poétique et fertile, utilisation sensible de la caméra. Le texte est parfois drôle, souvent perçant, mais toujours animé d’une infinie tendresse. Quelques maladresses de jeu ici et là, mais en somme, un hymne à l’amitié, à l’amour qui ne sont pas toujours suffisants.

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