Cartes blanches du Théâtre Niveau Parking : Pleins feux sur la création

Une scène toute simple, sans décor et un éclairage timide. Il n’en faut pas plus pour qu’une troupe d’acteurs et de danseurs en pyjama prenne le Cercle d’assaut. Accompagnée de ses acolytes, Marie-Josée Bastien propose, en ce 3 décembre, une soirée sous le signe de la spontanéité.

Pour sa deuxième carte blanche de la saison, le Théâtre Niveau Parking a laissé à Marie-Josée Bastien le soin d’animer la salle de la rue Saint-Joseph. Tout au long de cette soirée alliant danse et théâtre, l’équipe menée de front par l’actrice nous entraîne dans une suite de sketchs et de chorégraphies tournant autour de la nuit. Pendant une heure et demie, le spectateur assiste étonné à ce chassé-croisé de textes dansés et de saynètes frisant le burlesque. Du poème absurde de Jean-Michel Girouard (« Il neige de toutes mes forces ») à la chorégraphie reprenant les pires clichés de la danse – bonjour le hip-hop et la danse tribale –, la soirée avait de quoi dérider le public.

De corps et de paroles

De la solitude à la rencontre de l’autre, en passant par diverses divagations amoureuses, cette carte blanche met en scène des duos qui semblent improbables au premier coup d’œil. Textes en main, des auteurs dansent et des danseurs se donnent la réplique. C’est là le cœur de la proposition de Bastien. « Je collabore de plus en plus souvent avec des danseurs et on avait envie, avec le chorégraphe Jean-François Duke, de faire une carte blanche où on pourrait entendre les danseurs parler et voir les auteurs bouger », confesse celle qui enseigne également le mouvement au Conservatoire d’art dramatique de Québec.

De la part de la maîtresse de cérémonie, ce mariage semblait naturel : « Ce sont deux arts qui se complètent super bien. Souvent, un danseur n’a pas de pudeur à bouger son corps au maximum, mais ils sont gênés quand vient le temps de prendre la parole. C’est l’inverse pour les acteurs qui n’ont pas de difficulté avec les émotions, mais qui deviennent plus timides quand on leur demande de bouger ».

Un sprint de création

Avec seulement vingt heures pour écrire, créer, monter et répéter, le choix d’un méga thème permet de « ne pas aller dans plein de directions » et de « donner des balises aux auteurs », selon Marie-Josée Bastien. Le défi nécessitait tout autant de travail en amont qu’en aval, poursuit l’actrice. « En octobre, quand je les ai appelés pour la carte blanche, j’ai demandé tout de suite aux chorégraphes de faire une mini-chorégraphie qu’ils ont filmée et envoyée aux auteurs pour qu’ils puissent avoir le temps d’écrire. » Puis, dans les jours précédant l’unique représentation, tout a déboulé. « On fait l’ordre des sketchs la veille et le matin même. Il y avait une partie d’improvisation là-dedans. J’ai écrit mes textes sur l’heure du souper avant parce que j’avais pas eu le temps ! », se rappelle la maîtresse de cérémonie.

La prochaine carte blanche se tiendra le 9 février 2015 à 19h30, au Cercle. Orchestrée par Véronika Makdissi-Warren, on y verra des acteurs du troisième âge interpréter des textes écrits pour des jeunes dans la vingtaine. « Il y a un clash entre les paroles révoltées, technologiques, sexuelles ou vulgaires et la performance des comédiens âgés », promet Michel Nadeau. La série se conclura le 13 avril 2015 alors que Lorraine Côté consacrera une soirée au cinéma muet.

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