Les fourberies de Scapin : Une pièce à voir et revoir

Levée de rideau. Devant le public s’impose, magistrale, une tour d’une hauteur de 24 pieds faite à partir de vieilles commodes. Paraissant minuscule à côté d’elle, le jeune Élie, 12 ans, présente tour à tour les personnages de la célèbre pièce Les Fourberies de Scapin. Tout est en place pour 1h30 de rires et de folies au Théâtre de La Bordée.

Cette pièce de Molière, présentée pour la première fois en 1671, propose une histoire à la fois intemporelle et universelle : un conflit intergénérationnel entre deux pères et leur fils.

Profitant de la longue absence de leur père, le jeune Octave, fils d’Argante, s’est marié en cachette alors que Léandre, fils de Géronte, s’est épris d’une jeune Égyptienne. Au retour de leur père, les deux garçons se retrouvent dans l’embarras. Avec l’aide du valet Scapin, qui a plus d’un tour dans son sac, ils tenteront de calmer la tempête qui les guette.

Un jeu qui fait toute la différence

Scapin est interprété avec finesse par Christian Michaud qui a su bien doser son jeu pour faire paraître son personnage vif et rusé aux côtés des autres, au jeu plus caricaturé mais tout aussi approprié. C’est justement dans l’écart entre le jeu simple mais physique de Michaud et celui plus grossi de ses comparses que réside tout l’intérêt des rapports qu’entretiennent les personnages entre eux. Ce contraste bien exploité permet de constater tout le talent du metteur en scène de la pièce, Jacques Leblanc, à la direction d’acteurs.

Par contre, le vétéran Jack Robitaille, qui interprète Géronte, vole véritablement la vedette en déclenchant une vague de rires à chacune de ses apparitions sur scène. Son jeu plein de mimiques et d’attitudes grotesques entraîne inévitablement l’euphorie. C’est d’ailleurs sa réplique « Mais qu’allait-il faire dans cette galère ? » qui reste l’une des plus marquantes de la pièce par sa répétition, à chaque fois avec une intonation plus comique.

L’autre vétéran de la troupe, Hugues Frenette, propose un jeu tout aussi drôle et haut en couleurs. À eux deux, ils forment l’image que l’on se fait généralement lorsqu’on pense au théâtre de Molière.

Un décor impressionnant

Il faut aussi souligner le travail incroyable réalisé par Ariane Sauvé du côté des décors. Sa tour de commodes apporte beaucoup à la pièce, lui insufflant un côté un peu plus moderne, tout comme les costumes de Sébastien Dionne faits d’imprimés colorés.

Toutefois, cette structure imposante aurait pu être davantage exploitée. Le jeu de portes et de fenêtres, utilisé notamment pour jouer au chat et à la souris, était bien pensé, tout comme l’idée d’escalader la structure grâce aux poignées pour espionner ce qui se passe sur scène. On aurait aimé en voir plus. Ce détail est néanmoins le seul petit accro de cette évasion comique d’une heure et demie. À voir et revoir au Théâtre de La Bordée jusqu’au 14 février.

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