Photo : Cécilia Foissard

Les lettres au service de la société au 2e Salon des littératures

L’Université Laval accueillait son second Salon des littératures au pavillon De Koninck le vendredi 18 mars. Cet événement portait sur « L’art de raconter une société » et a été l’occasion pour les étudiants lavallois de présenter le travail de la relève en littérature.

« Raconter une société », ou comment parvenir à mettre sur papier des réalités qui nous habitent. C’est ce que le Collectif RAMEN préconise dans son travail, pense Lux (Lucie Richard), membre du collectif et étudiante au baccalauréat en création littéraire.

L’idée est de partir du particulier pour aller vers l’universel par la retranscription de « moments ressentis pour raconter ce qui se passe dans la société québécoise ». Les créations de RAMEN mettent l’accent sur le vécu de ses membres et des anecdotes pour ensuite les diffuser à plus grande échelle par l’entremise de la poésie.

Le thème de cette seconde édition n’est pas dénué de liens avec l’actualité. Lux avance que le travail du collectif peut présenter des liens avec le contexte d’austérité. « On n’est pas dans une tour d’ivoire […], on est témoins de tout ce qui se passe », estime-t-elle.

Ces raisons animent en partie la réalisation du travail de RAMEN qui présente le point de vue et les réalités de jeunes acteurs, pour la plupart étudiants et résidents de la Basse-Ville de Québec. Écrire sur ces thèmes est une «  manière de témoigner. Ce n’est pas vraiment une protestation, mais notre témoignage agit comme une protestation », poursuit l’étudiante en création littéraire.

Pour Émilie Turmel, chargée de projet à Première Ovation dans le volet art littéraire et membre du collectif de poésie EXOND&, le thème du Salon s’attache à une « volonté de vivre l’art ensemble et de permettre que ça fonctionne. On soutient les artistes pour qu’il y ait une certaine vivacité […] et qu’elle contamine toute la société ». La chargée de projet et ancienne de la maîtrise en création littéraire soutient qu’il est nécessaire de favoriser le côté communautaire des arts grâce à son côté rassembleur.

Partager les lettres

Pour le Collectif RAMEN, sa présence au sein du Salon des littératures est le moyen de présenter et de promouvoir son travail en plus de le partager avec la communauté. Le but est d’« effectuer un genre de pont entre le milieu universitaire et le public », explique Lux. « On fait de la littérature pour tout le monde ».

Au sein du collectif, l’idée qui prédomine est de rendre accessible la poésie. L’initiative de sa création repose sur ce constat puisqu’il est né à l’issue d’un fil de discussion sur Facebook initié par Simon Poirier, l’un des fondateurs du Collectif RAMEN, le 5 avril 2014. Celui-ci commentait : « la poésie est une maladie transmissible textuellement ». Depuis lors, ce post n’a pas cessé de récolter des commentaires jusqu’à aujourd’hui où on en compte plus de 107 000. À la suite de cette discussion, la volonté de se rassembler a pris le dessus.

L’autre aspect de l’accessibilité du travail du collectif est lié à la conception des récitals. Durant leur représentation « La poésie sur un fil », présentée plus tôt lors du Mois de la Poésie, ils ont revisité le concept de poésie interactive à travers les réseaux sociaux. Pendant la représentation, les spectateurs étaient invités à commenter les publications mises en ligne sur Facebook.

La démocratisation de cet art littéraire est également liée à l’union d’artistes et à leur fraternisation. Dans le cadre du Mois de la Poésie, les trois collectifs étudiants EXOND&, RAMEN et Ressacs ont initié un « Poésie Battle » ce 24 mars au Studio P.

En référence aux cercles de poètes, comme le « petit-cénacle » composé d’artistes bohêmes tel que Théophile Gauthier, elle explique que ces collaborations n’ont rien d’inédites. Mais depuis quelques temps, Émilie Turmel note le foisonnement à Québec de ce genre de rencontres.

Un tremplin pour la relève

La présence à ce salon peut favoriser la promotion d’un avenir littéraire pour de jeunes écrivains et poètes. Première Ovation, organisme qui soutient la relève artistique de Québec, était présent ce vendredi. Celui-ci permet d’offrir des bourses pour aider les récipiendaires à diffuser leurs premières œuvres. Pour Émilie, cette représentation est destinée à faire connaître ses programmes, faute de quoi personne ne pourrait en profiter.

Depuis le lancement du programme en 2008, de nombreux jeunes talents ont fait leurs premières expériences professionnelles grâce à ces programmes. « Plusieurs projets ont donné lieu à des publications », se souvient Émilie. Elle cite à titre d’exemple l’écriture de romans ou encore de recueils de poésie. La chargée de projet ajoute que des spectacles culturels ont pu être créés, à l’image du Mois de la Poésie.

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