Le pèlerinage à Rouyn-Noranda à la toute fin de l’été est devenu, au fil des ans, une véritable tradition pour les amateurs de musique de partout dans la province. Le Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue (FME) se tenait du 30 août au 2 septembre dernier, appuyé sur une programmation des plus variées, mélangeant surprises et valeurs de plus en plus sures. Impact Campus a dépêché sur place l’ancien directeur de la programmation de CHYZ 94,3, Thomas Mailloux, pour nous donner ses impressions de cette 16e édition.
« Il y a quelques années, Osheaga choisissait la même fin de semaine que nous pour tenir leur festival, on les a tassé. Depuis deux ans, la gang du Mile Ex End font un festival la même semaine que nous et on va les tasser. » Dites avec humour et, surtout, beaucoup de fierté par Sandy Boutin, président et co-fondateur du FME, ces paroles étaient tout simplement trop mémorables pour ne pas ouvrir ce texte.
Avouons-le, c’est un peu vrai. Comment le FME réussi à réunir autant de festivaliers à chaque édition même si on ne programme aucun nom de la culture populaire (sauf peut-être pour Loud) ? Comment le FME réussi à afficher presque complet si les festivaliers qui ne viennent pas de l’Abitibi doivent faire entre 5 et 10 heures de route pour y arriver ? Comment le FME arrive t-il à nous montrer Karkwatson et Pierre Lapointe en spectacle inédit 4 fois, et ce, à deux jours d’intervalle ?
Le retour d’Harmonium
En fin de semaine dernière, j’ai tenté de répondre à ces questions. Pour la deuxième année de suite, Impact Campus m’envoyait couvrir cet événement que tous ceux qui ont vécu qualifient de mythique. L’an dernier, j’étais tombé totalement amoureux et j’en avais profité pour y aller d’un retour en bonne et due forme. Cette année, je me suis donné un tout autre défi : tenter de comprendre comment le FME réussi tous ces exploits. Les pistes de réponses sont nombreuses.
Parlons-en justement de ces incroyables spectacles inédits qui nous sont offerts année après année. Pour cette édition, c’était Karkwatson (10 ans après leur premier passage au FME) et les spectacles surprises de Pierre Lapointe et les Beaux Sans Cœur. L’an dernier, c’était Desjardins, on l’aime tu! avec l’ultime présence de Richard Desjardins. L’an prochain, ce sera le retour d’Harmonium, qui sait ? Évidemment, j’exagère, mais je comprendrais n’importe quel artiste de choisir le FME pour lancer quelque chose de nouveau ou faire un retour, c’est devenu logique. Je me rappelle difficilement avoir apprécié autant une performance que celle de Cormier, Watson et leur bande. C’était magique.
Ce plaisir contagieux de jouer
Et n’oublions pas tous les autres moments que le festival nous a permis de vivre pendant le week-end. Suffit seulement de penser à Choses Sauvages qui nous ont fait danser comme ABBA dans leurs bonnes années, au spectacle de Galaxie qui a fait exploser nos tympans à l’unisson, à la performance de Yonatan Gat et les Eastern Medicine Singers qui nous a rempli d’une émotion incompréhensible ou encore aux Louanges qui nous ont rappelé qu’ils étaient à surveiller étroitement dans les prochaines années. Honnêtement, il y en aurait trop à nommer, mais chez tous les artistes présents pendant le festival, on a senti ce plaisir contagieux de jouer au FME.
Il y a aussi l’ambiance. Cette douce folie qui s’empare de chaque âme frivole qui ose pénétrer l’Abitibi pendant le congé de la fête du Travail. Les festivaliers sont impatients d’y arriver, les pros se sentent privilégiés parce qu’ils sont traités aux petits oignons et les artistes sentent le besoin d’impressionner le gratin de l’industrie culturelle. Pas besoin d’être mathématicien pour comprendre que l’équation donne un résultat impressionnant.
Mais, avant tout, le FME, c’est une audace et une confiance aveugle qu’ont les organisateurs envers le public, les artistes et la ville. Faut quand même être sûr de son coup pour organiser une soirée rave et une soirée métal en plein festival de musique émergente. Au final, les curieux finissent toujours par aller faire un tour et c’est ce qui rend tout ça unique.
La raison pour laquelle on a toujours envie d’y retourner, elle est bien simple. C’est parce que, grâce au FME, on a cette impression de participer à quelque chose de spécial. Et à chaque fois qu’on se dit que ça ne vaut peut-être pas la peine d’y retourner, on finit au FME, le dimanche, en se disant qu’on ne manquera plus jamais une édition. Parce que oui, le FME c’est immanquable.