Crédit photo : reagan.movie

Reagan : Un film sous-estimé?

Au mois d’août dernier sortait le film Reagan, réalisé par Sean McNamara. Portant sur la vie de ce Président américain qui a servi son pays de 1981 à 1989, le film n’a généré que 28,6 millions de dollars, alors que son budget n’était que de 25 millions de dollars. Les critiques étaient majoritairement négatives, accusant le film de n’être que de la propagande, il manquerait de profondeur par rapport au vrai Ronald Reagan. Cependant, le film est-il si mauvais que cela? J’en doute fort.

Par Nicolas Drolet, journaliste collaborateur

Dennis Quaid, selon moi, joue un Ronald Reagan crédible et même très ressemblant, pas seulement sur l’apparence, mais aussi sur la voix. L’intonation et même le son de sa voix pourrait être celle de Ronald Reagan lui-même. D’autres acteurs et actrices, comme Penelope Ann Miller qui joue la Première Dame Nancy Reagan, sont crédibles dans leur rôle.

Il est reproché au film de ne pas assez explorer certains événements considérés comme négatifs, comme l’affaire Iran-Contra, qui n’est que passement évoqué. Cet argument est recevable. Cependant, il ne faut pas oublier qu’il s’agit de la vie de Ronald Reagan, quelqu’un qui a vécu pendant plus de 80 ans. Et même lorsqu’il s’agit d’un film de deux heures, il n’est pas évident de relater chacun des événements de la vie d’un homme qui fut aussi occupé que lui. Reagan est considéré comme une figure controversée, puisqu’adoré pour son combat contre l’Union soviétique et ses discours percutants et poignants ainsi que pour son humour. Pareillement, il fut détesté pour sa politique étrangère qui, entre autres, avait consisté à mettre en place et soutenir plusieurs régimes dictatoriaux en Amérique du Sud.

Le film emprunte un angle original et assez intéressant, puisque le narrateur, pendant la majeure partie du film, est un ancien espion fictif du KGB. Ce dernier raconte la vie de Ronald Reagan à un jeune espion du FSB, qu’on peut deviner être une métaphore de Vladimir Poutine. Le film débute par un discours du président en 1981 qui précède tout juste sa tentative d’assassinat par John Hinckley Jr.

Le récit de l’ancien agent du KGB s’enchaine ensuite par la jeunesse et la carrière de Reagan en tant qu’acteur, puis comme président de la Screen Actors Guild au début des années 1960 dans le contexte d’un maccarthysme tout récent et auquel il prête support. Le film aborde aussi ses relations avec son ex-épouse Jane Wyman, elle aussi actrice, et Nancy Davis, future Mme Reagan. Son combat contre le communisme se poursuit par son élection au poste de Gouverneur de Californie en 1967. Il faut spécifier que cela se produit alors que le monde est en pleine Guerre froide. Puis, on en vient à sa tentative de devenir le candidat républicain contre Jimmy Carter lors de l’élection de 1976, où celui-ci est battu de justesse par Gerald Ford, le président sortant. La période entre sa défaite aux primaires et son débat contre le Président Jimmy Carter se traduit par son ennui et son envie de retourner sur le devant de la scène politique.

Le portrait de sa présidence est surtout centré, à part bien sûr sa tentative d’assassinat en 1981, autour de sa lutte contre le communisme et  son discours à Berlin où il prononça la phrase : « Mr. Gorbatchev, tear down this wall! ». La manière dont on le représente après sa présidence fut, à mon sens, le moment le plus touchant du film, où Dennis Quaid lit la dernière lettre de Ronald Reagan au peuple américain, dans laquelle il annonce être atteint de la maladie d’Alzheimer, son espoir d’épargner son épouse Nancy de tout cela et sa conscience qu’il entreprend le trajet allant vers le crépuscule de sa vie, avec, en arrière-plan, une reprise de John Denver par Clint Black de la chanson « Take Me Home, Country Roads ».

Le film met l’accent sur la carrière politique de Ronald Reagan et surtout son couple avec son épouse Nancy Reagan. Dennis Quaid et Penelope Ann Miller sont en symbiose, faisant ainsi un couple Reagan très crédible. Le film permet aussi de voir comment les Soviétiques percevaient Reagan, ainsi que son action à la tête des États-Unis. Certes, beaucoup d’événements ont dû être écartés, tout comme d’autres événements le mettant en valeur (comme la signature de l’Accord de libre-échange nord-américain), car son temps à la Maison-Blanche a été long (huit ans). Il est donc logique de comprendre qu’il est difficile de montrer huit années de mandat politique en deux heures, il doit être aussi ardu de montrer toute une vie aussi remplie.

NB : La dernière lettre du Président Reagan au peuple américain est disponible sur le site de la Ronald Reagan Presidential Library.

 

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