Vers Saba : Promesse de dépaysement

La chargée de cours en français à l’Université Laval, Micheline Lévesque, signe son premier roman, Vers Saba, chez Québec Amérique. Cette femme bouillonnante n’en est pas à ses débuts dans l’écriture.

Micheline Lévesque a enseigné en création littéraire à l’Université Laval pendant quelques années. Elle y a été en contact avec plusieurs auteurs émergents, en plus de fréquenter la poésie depuis de nombreuses années. Mme Lévesque ne cache d’ailleurs pas ses influences féministes des années 1970.

Quand elle pose un regard sur son passé, elle confie : « J’aurais pu, dans ces années-là, proposer des livres, mais je n’avais pas cette confiance ». Sa plume, aujourd’hui influencée par ses lectures, se déguste, et il faut prendre le temps. Lire Vers Saba, c’est s’arrêter, c’est poser son regard, imaginer, contempler, comme on le fait à la lecture d’un haïku. « Si on cherche la grande intrigue et on se dépêche de le lire, ça ne fonctionnera pas », estime la romancière.

Intéressée par la jVersSabaalousie, l’auteure reconnaît avoir fait plusieurs recherches sur le sujet. Elle s’est d’ailleurs intéressée au personnage du jaloux dans À la recherche du temps perdu, qu’elle a lu tout au long de son écriture. S’est-elle inspirée de Marcel Proust pour ses descriptions? « On ne peut jamais arriver au talon de Proust, malheureusement. Si on veut se sentir minus, il faut se comparer à lui », répond-t-elle.

Cette amoureuse de la langue concède passer des heures, voire des semaines, à travailler un paragraphe ou une phrase. Il s’agit de justesse. « Le roman n’est pas parfait, je n’ai pas cette prétention, mais je travaille avec l’idée de la langue parfaite. Je travaille le langage, c’est pour ça que je considère plus la poésie, explique Mme Lévesque. J’accorde beaucoup d’importance aux détails. J’ai rarement mis un mot sans y avoir pensé ».

Autofiction?

Il est vrai que Nathalie, la protagoniste, a des similitudes avec l’auteure, mais celle-ci a des combats qui ne sont pas les siens. Elle précise cependant : « Je peux vous dire que toutes les traversées, toutes les excursions décrites dans le roman, c’est mon copain qui a fait tout ça. »

De plus, l’écrivaine parle d’un terrain connu, elle qui a vécu à Saint-Martin plusieurs années. Elle s’est imprégné de l’île, de ses habitants, de sa situation politique et linguistique. « Sans en faire un roman à thèse ou une étude sociale approfondie, il y a un regard sur cette société », confie-t-elle.

Une dimension amour-aventure-amitié se mêle à celle, plus pittoresque, de la description de la vie, de la faune et de la flore de Saint-Martin. Mme Lévesque déclare avoir d’ailleurs feuilleté plusieurs livres de marine pour avoir les termes francophones exacts. « Et puis, le monde des marins, vous savez, les Antilles c’est vraiment la plaque tournante pour les pirates, surtout Saint-Martin. Je décris toute cette situation, des marins, des gens qui passent. »

Faire le saut

En ce qui a trait à son expérience d’édition, Micheline Lévesque en parle comme d’une aventure passionnante. Sa vie fut chamboulée lorsque Québec Amérique l’a contactée en disant que leur curiosité avait été piquée par son manuscrit. « Trois jours plus tard, je les rencontrais et on signait un contrat », lance-t-elle, la fierté dans la voix.

Le processus d’édition a été pour elle une partie de plaisir : « Pour moi, ça été facile, on a signé le contrat et ensuite ils ont demandé des corrections. Les retours et les commentaires étaient très judicieux », affirme-t-elle. Elle livre un message à tous ceux qui désirent publier : « Persévérez, ne vous laissez pas abattre par les refus ».

Micheline Lévesque sera présente au Salon du livre de Québec le 8 et 9 avril en après-midi pour des séances de dédicaces. Puis, elle se rendra au Salon du livre de Montréal, et terminera en beauté dans sa ville natale, Saguenay.

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