Trois policiers et un soldat ont retrouvé leur famille au cours de la soirée du 1er février, après deux ans de captivité. Du succès de cette opération dépendait le bon déroulement des deux prochaines libérations, celle d’Alan Jara, otage des FARC depuis 2001, et de Sigifredo López, enlevé en 2002.
C’est au mois de décembre que la guérilla marxiste a annoncé qu’elle les relâcherait sans demander de contrepartie. «Un geste de bonne volonté», assurait-elle, en vue d’une négociation politique avec le gouvernement colombien. Pour le président Alvaro Uribe, il s’agissait d’«une manœuvre destinée à alléger la pression militaire sur la guérilla et à lui redonner une visibilité internationale».
Les libérations de Jara et López ont cependant été retardées d’une journée en raison d’un malentendu entre le gouvernement et le groupe chargé de récupérer les otages. Un journaliste colombien, présent au moment de la libération, a accusé publiquement «l’armée colombienne de ne pas avoir respecté les garanties de sécurité prévues pour le processus en effectuant des survols au-dessus de la zone de remise en liberté des quatre otages».
Alvaro Uribe a réagi en interdisant la participation de civils aux prochaines libérations, menées par la Croix-Rouge. Il a affirmé que les déclarations du journaliste violaient l’obligation de discrétion absolue convenue entre les parties. Parmi les exclus figuraient des membres de Colombiens et Colombiennes pour la paix, un regroupement de militants pour les droits humains, de journalistes et de politiciens d’opposition. C’est vraisemblablement à cette organisation et à la sénatrice d’opposition Piedad Córdoba que les FARC auraient promis de libérer les six otages.
Les opérations pour la libération d’Alan Jara ont finalement repris le 3 février. Uribe a autorisé la participation de Piedad Córdoba, principale interlocutrice de la guérilla sur le dossier des otages.
Une fois relâché, l’ex-gouverneur n’a pas ménagé ses critiques contre le président Uribe qui, selon lui, «n’a jamais rien fait pour la libération des otages». Alan Jara a souligné l’urgence d’un «échange humanitaire des otages contre des combattants de la guérilla et une solution politique au conflit qui l’oppose à l’armée depuis plus de 40 ans, car les autres otages “pourrissent dans la jungle”».
Sigifredo López a été relâché le 5 février en après-midi et conduit à l’aéroport de Cali, où l’attendaient sa famille et celle de ses 11 «collègues massacrés en captivité».
López a levé le voile sur le mystère qui entourait la mort des autres députés, enlevés en 2002. Selon les FARC, ils auraient été victimes de tirs croisés au cours d’un affrontement avec un groupe armé non identifié. Sigifredo López nie cette version et soutient que «les FARC ont assassiné les députés».
L’ex-député a demandé à Uribe d’engager des pourparlers avec la guérilla marxiste. Les FARC détiennent encore
22 militaires capturés lors de combats, qu’elles voudraient utiliser comme monnaie d’échange contre la libération de 500 guérilleros incarcérés.
Le président colombien reste sur ses positions, convaincu qu’il peut vaincre les FARC par la voie des armes. Selon lui, «les FARC essayent de nous distraire. Elles parlent de paix, mais elles engendrent la violence». Alvaro Uribe faisait référence à un attentat à la voiture piégée survenu dans la ville de Cali le 1er février, qu’il a attribué aux FARC.
Sources : Libération, Agence France-Presse,
Le Monde, Le Soir, Semana