Paris – L’aide de la France a été sollicitée pour maintenir l’ordre en République centrafricaine. Retour sur un conflit dont on parle peu, mais qui pourrait bien avoir des implications internationales.
Boris Proulx @borisproulx
La République centrafricaine figure parmi les pays les plus pauvres du monde, mais est paradoxalement rempli de richesses naturelles : or, pétrole, diamants, uranium … Bien que ses ressources soient au centre d’intérêts géostratégiques, le conflit qui dévaste le pays depuis la fin 2012 semble, au contraire, passer inaperçu. Or la situation stagne, et les violences continuent dans la capitale, Bangui.
Décembre 2012 : le groupe rebelle nommé Séléka ( qui signifie « coalition » en langue locale, le Sango ), alliances de diverses milices locales, prend les principales villes du centre et de l’Est du pays. Après un court cessez-le-feu en janvier 2013, où les rebelles réclament une partie du pouvoir détenu par le président François Bozizé, la guerre reprend de plus belle vers la capitale, Bangui. Les forces de la Séléka mettent en déroute l’armée nationale durant le printemps, et arrivent au palais présidentiel de Bangui le 24 mars. Dans son rapport, Human Rights Watch constate que l’arrivée des rebelles dans la capitale s’est accompagnée de pillages, de viols des femmes et d’exécutions sommaires, souvent par vengeance contre des personnes proches de l’ancien régime.
Depuis, l’heure est officiellement à la collaboration : le nouveau régime a nommé le 31 mars dernier un gouvernement mixte, comprenant des ministres rebelles et des notables de l’ancien régime. Des hauts gradés de l’armée nationale déchue, pour la plupart en exil dans les pays limitrophes, ont depuis lancé un appel de retour au pays afin d’assurer la sécurité de la population. Comme de fait, la sécurité au pays demeure précaire. En particulier à Bangui, où des heurts se produisent toujours entre les forces rebelles de la Séléka et la population locale. Le 10 mai, la mort d’un jeune de 17 ans, écrasé par un véhicule militaire rebelle, a provoqué une importante manifestation, qui a fait trois morts lorsque les militaires ont ouvert le feu contre les protestataires.
La situation est à ce point tendue que le nouveau gouvernement a demandé l’aide de la France et de la Force multinationale de l’Afrique de l’Ouest ( FROMAC ) pour sécuriser le pays. En plein conflit au Mali, la France ne s’est pas empressée de répondre à l’appel. Or la situation centrafricaine inquiète particulièrement les pays africains. Début mai, les pays d’Afrique centrale se sont réunis à Brazzaville ( Congo ) pour discuter de la délicate question centrafricaine. L’Afrique du Sud, qui appuyait l’ancien gouvernement de François Bozizé, et le Tchad, principal bailleur de fonds de la FROMAC, ont spécialement des intérêts dans cette région qui semble sombrer dans l’anarchie. Reste à voir si l’ONU sera sollicitée pour y maintenir la paix dans les prochains mois …