Marche populaire lors d'une manifestation contre les réformes des retraites à Paris. — Image de Ale_M

Réforme des retraites en France : serait-ce le déclin du pouvoir en place ?

Depuis plusieurs semaines, nous constatons une crise sociale bouleversant l’ordre en France. En effet, la population française exprime sa colère dans les rues et transmet son désaccord concernant la réforme des retraites. Cette ère s’apparente à l’érosion du pouvoir qui se voit céder tous les droits au peuple. Quelle est donc cette réforme qui bouscule tout un pouvoir en place et remet en cause l’intégrité politique ?

Par Joyce Shabani, cheffe de pupitre société

De quoi il s’agit ?

La réforme des retraites consiste à rallonger l’âge du départ à la retraite à 64 ans, alors qu’il était de 62 ans. C’est un projet de loi qui a été présenté le 10 janvier 2023, par Elisabeth Borne — Première ministre française. L’objectif visé, selon le gouvernement français, est l’équilibre du système des retraites. Bien que des mesures adaptées pour protéger les risques d’accidents du travail (notamment pour les ouvrier.ères) aient été mentionnées dans le projet, un désaccord est tout de suite signifié chez les Français.es. Le gouvernement qualifie cette réforme de progrès social. Toutefois, elle est reçue comme l’ultime recul démocratique auprès de la population française.

Le soulèvement populaire

Grâce aux vidéos relayées sur les réseaux sociaux, nous apprenons que Paris est en ébullition depuis plusieurs semaines. Les éboueur.euses font la grève et délaissent leurs tâches, les conducteur.rices de transports en commun n’assurent plus de moyen de transport et les différents syndicats passent leurs journées à manifester pour revendiquer leurs droits. Et pour cause, le gouvernement français a eu recours à un grand de coup de force pour faire passer la réforme des retraites. De fait, l’article 49.3 de la constitution française se réfère au droit du gouvernement de faire passer une loi sans nécessairement avoir une majorité absolue à l’Assemblée Nationale. Une partie des Français.es le reçoivent comme une entrave à la démocratie, dans la mesure où le corps législatif doit représenter la population. Il y’a donc un enjeu de taille derrière cette mesure ; la satisfaction du plus grand nombre tout en relevant l’enjeu d’équilibrer le système des retraites. Ce qui est relativement impossible puisque la motion de censure, seule solution qui aurait pu éviter l’adoption de cette réforme, a également été rejetée.

L’équation impossible à poser

Bien que le président ait tenté d’expliquer l’utilité et la nécessité de faire passer ce projet, il a refusé de justifier le choix du gouvernement concernant l’utilisation de l’article 49.3. Même si le recours à cet article est tout à fait légal, il est considéré moralement incorrect. Ainsi, son utilisation est mal perçue par la population. Le simple fait de faire passer une réforme sans avoir le consentement du plus grand nombre induit un déclin de la démocratie. C’est l’argument qui revient de façon récurrente dans la presse française lorsqu’on mentionne cette crise sociale.  La situation étant « réglée » par le rejet de la motion de censure, les protestations peuvent s’avérer improductives et inefficaces. Cela dit, l’effort de participation est important pour les Français.es qui montrent de moins en moins de soutien à Emmanuel Macron, que de nombreu.x.ses politicien.nes ont soutenu en faisant barrage à l’extrême droite — à Marine Le Pen au second tour, entachant déjà ses premiers mois d’exercice au pouvoir. La popularité de ce dernier semble diminuer au fil du temps auprès des Français.es, pour qui il n’anime que déception et insatisfaction. Nous assistons à une véritable fracture de la société française qui s’enlise dans la violence. Est-ce finalement l’érosion d’un pouvoir qui a été trop abusif ? Ou serait-ce simplement une crise considérée comme un vulgaire caprice enfantin par le gouvernement français, et à juste titre ? Les prochaines semaines nous l’indiqueront.

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