Mon oeuvre préférée de l'artiste: Grand Motel Squat, immeuble abandonné, Saint-Roch (Photo: Wartin Pantois)

La nature éphémère de l’art de rue

Vous avez peut-être déjà remarqué des silhouettes blanches de cyclistes happés mortellement, des amoureux s’embrassant sur le coin d’un immeuble ou des hommes politiques rampant sur le pavé, il s’agit des multiples attentats créatifs et éphémères fabriqués par l’artiste Wartin Pantois.

Ces nombreux collages photographiques percutants et impressionnants par leur grandeur nature lèvent le voile sur certains problèmes de notre société : « Je pars de sujets qui me touchent, de situations qui me dérangent ou que je trouve un peu injustes. Je documente des réalités et je les commente aussi. C’est un art qu’on pourrait dire engagé. »

La diversité, le droit à l’amour, le service d’injection supervisé, l’itinérance et la désaffiliation sociale sont quelques-uns des nombreux sujets dénoncés ou mis de l’avant par ces « interventions artistiques ». À Québec, plusieurs de ces thèmes sont illustrés sur les pavés et les murs du quartier Saint-Roch et du quartier Saint-Jean-Baptiste. Il a cependant déjà créé d’autres œuvres aussi touchantes dans d’autres villes du monde, telles que Nantes en France et Lisbonne au Portugal.

La raison pour laquelle vous n’avez peut-être jamais remarqué l’une de ses installations est que la plupart des collages photographiques ne survivent malheureusement pas à nos éternelles intempéries et à notre grand froid hivernal. Mais pour lui, c’est exactement ce qui leur donne tout leur sens.

« Toutes les œuvres dans l’espace public sont éphémères. Pour que les œuvres aient une vie, il faut qu’elles aient une mort aussi. Je préfère que les œuvres soient pertinentes à un moment donné, dans un espace donné, puis qu’elles disparaissaient et se dégradent, je trouve ça naturel… je trouve ça correct. »

 

L’artiste anonyme, détenteur notamment d’un baccalauréat et d’une maîtrise en sociologie de l’Université Laval, a également crée une structure intitulée L’inhibition du monolithe. Grâce à cette oeuvre plus personnelle, il parle avant tout de lui, de son désir de rester anonyme et de sa double-vie.

Cette installation éphémère était plus qu’une simple structure. Elle a été fabriquée de matériaux qui allaient être utiles pour la population  : du bois, une bâche industrielle, des cordes de polypropylène et des films de polyéthylène. « C’était l’idée de créer une œuvre éphémère, mais qui pourrait aussi être utilisée par les sans-abri de l’Îlot Fleurie pour se protéger », me précise-t-il.

Oeuvre intitulée L’inhibition du monolithe, Îlot Fleurie, Québec (Photo: Wartin Pantois)

Sous toutes ses formes, l’art de Wartin Pantois est des plus percutants. Il allie à merveille ses techniques (collages et projections photographiques, installations ready-made et dispositifs audio) à sa perception de diverses inégalités sociales.

Pour tout voir sur ses œuvres antérieures et ses prochains coups de génie, rendez-vous sur son site web: https://wartinpantois.blogspot.com/

 

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