Illustrations : Gloire Munoko

SIKI le Rusé et Un pacifiste avec une arme [4]

 

J’ai grandi dans les quartiers de Kinshasa, dans des endroits où malgré ton niveau de vie sociale, malgré ta bonne éducation, tu es parfois contraint d’utiliser tes poings pour te faire respecter, dans la rue ou dans la cours d’école. Bref, dans la vie et si ta situation sociale est défavorable, ce qui est souvent le cas, on finit dans un gang de rue avant même d’avoir réalisé que l’on est en train de perdre les reines de sa vie. La solution n’est pas facile mais judicieuse, on fait de la boxe, du karaté pour se discipliner et pour d’autres, c‘est pour essayer de se sortir de là.

Un sportif se cherche une icône, se fixe un objectif à atteindre, et désire être au sommet comme son idole. Pour moi c’était la boxe et beaucoup m’ont dit «Ali est le meilleur et c’est vrai», mais plus tard, j’ai voulu savoir qui était le premier du phénotype noir à être au sommet. J’ai alors découvert Barick Fall, dit Battling Siki, né en 1897 au Sénégal. Il sera recruté par une équipe de boxeur qui le remarque dans une bagarre de rue. Avant cela, il fut l’objet sexuel d’une femme hollandaise qui l’emmènera en Europe à Marseille. En 1925, il meurt, assassiné, châtié de sa victoire contre Georges Carpentier. Il fut le premier homme noir à être champion du monde de boxe.

Ma seconde illustration est un hommage à un grand homme, qui s’est dressé face à l’oppresseur avec pour seule arme, l’amour. Lorsque je vois des jeunes de 26 ans se plaindre de ce qu’ils ne peuvent pas changer dans leur communauté, dans leur famille, etc, je me sens obligé de leur dire que c’est à cet âge que Martin Luther King Jr s’est fait entendre pour la première fois. C’est à 26 ans que le jeune homme né à Atlanta (Georgie, États-Unis) prendra position pour la situation des afro-américains, une position qu’il paiera de sa vie le 4 avril 1968 à Memphis (Tennessee, États-Unis).

Je ne veux pas perdre la mémoire, parce que l’histoire, c’est le présent et la renier fera de nous tous des criminels.

“J’imagine qu’une des raisons pour lesquelles les gens s’accrochent à leurs haines avec tellement d’obstination est qu’ils sentent qu’une fois la haine partie, ils devront affronter leurs souffrances.” James Baldwin.

Consulter le magazine