Crédit photo : Élia Barbotin

Combattre la banalisation de l’extrémisme

Le campus de l’Université Laval a de nouveau été le théâtre de promotions idéologiques extrêmes sous plusieurs formes, cette semaine, alors que des affiches montrant des phrases comme « la gauche étouffe le débat » et « non aux marxisme culturel dans nos écoles » ont été placardées un peu partout sur le campus.

Tout comme la Meute et d’autres groupes l’ont fait le 20 août dernier, Atalante Québec tente actuellement, sur notre campus, de banaliser son image auprès des étudiants afin de recruter plus de membres. Un exercice trompeur auquel il faut tous porter attention, au nom de la communauté de l’Université Laval et de son ouverture.

Il faut dire qu’actuellement, le contexte politique est opportun. La Meute a littéralement gagné sa guerre de relations publiques il y a trois semaines dans la Vieille Capitale. L’impact fut tel que plusieurs groupes d’extrême-droite ont décidé de prendre des actions. C’est toute la ville qui est aux prises avec les enjeux en découlant, le maire Labeaume le premier.

Connaissez-vous Storm Alliance (SA), par exemple ?  C’est un groupe qui se déclare non partisan et dont l’unique objectif « est est de protéger les droits du peuple» et de promouvoir « la défense de la Charte des Droits et Libertés ». On peut lire sur la page que SA se défend résolument d’être raciste ou encore de tolérer des messages haineux. Vraiment ?

« Il n’y a pas plus lâche qu’un Haïtien. Des Africains auraient été moins pires. On va tous payer pour le ”BS” de cette gang de maillets là », pouvait-on lire sur un groupe secret de Storm Alliance, selon plusieurs médias. Elle est ici, la stratégie de banalisation. Il s’agit d’une forme de concertation à l’interne pour donner une belle image, plus accessible et ouverte d’esprit que ce qu’on peut dire et lire sur la toile. On veut convaincre des membres de ne pas croire les médias.

S’impliquer

#Remigration, ça vous dit quelque chose ? C’est un mot-clic que plusieurs groupes ont utilisé à la mi-août. L’expression signifie d’abord et avant tout un retour forcé ou non des étrangers non européens vers le pays où ils ont leurs racines familiales. Un concept qui, à l’époque de la mondialisation, me semble quelque peu périmé. Comment aspirer à construire un pays fort dans un monde qui déborde aujourd’hui les frontières ?

J’estime donc qu’il faut limiter les dégâts et faire savoir à notre direction actuelle que l’enjeu est excessivement important. Les 80 étudiants s’étant rassemblé pour co-signer une lettre ouverte ont savamment lancé le débat, mais il faut poursuivre nos efforts afin de démontrer que notre tolérance est nulle pour ce genre de fermeture.

Mais comment ? Évidemment, le faire à l’échelle d’un campus révèle d’un miracle, car, à un certain moment, on ne peut empêcher les gens de faire leurs choix. Or, une chose est sûre : il faut mettre tous les mécanismes en place pour prévenir l’extrémisme idéologique. Surtout sur un campus fragilisé par une année difficile, qui ne veut pas revivre un cauchemar similaire.

Ça commence par le changement de mentalités, qui peut notamment se faire par de plus grands efforts consacrés à la condamnation vive des groupes en présence, puis par de la sensibilisation auprès des étudiants. Plus loin encore, le développement d’un sens critique (celui que l’on n’apprend pas seulement sur les bancs de classes) est de notre ressort à tous. D’un étudiant à l’autre, d’un professeur à un jeune, d’une administration à son campus, partout. Et ça commence maintenant.

Consulter le magazine