« Quand les États-Unis éternuent, les voisins rapprochés tremblent »
Telles étaient les paroles de mon sage professeur d’économie au cégep, lui qui nous avait avec justesse mis en garde contre le crash économique qui allait arriver en 2008. Même si j’ai beaucoup de respect pour cet homme, le présent billet ne sera pas là pour encenser cet homme, aussi érudit puisse-t-il être.
Comme vous le saviez déjà, à moins de vivre sous un rocher, ou au De Koninck, au moment ou j’écris ces lignes, le gouvernement américain est hors service. « Pourquoi ? », me demanderez-vous en sortant vos yeux globuleux de sous votre rocher. Je n’entrerai pas dans les détails de la politique américaine, mais je vais plutôt vous orienter vers une autre question que vous pourriez me poser, en soulevant un dumbbell de 50 kilos et en mâchant vigoureusement du « Beef Jerky » assaisonné à la texane : « De kossé ça change dans ma vie? ». Avant mardi dernier, je vous aurais probablement répondu d’un air un peu blasé: « Ben, les Américains sont nos voisins, faut s’intéresser à ce qu’ils font ». Puisque, heureusement, conclure une chronique en proposant de s’intéresser à nos voisins parce qu’ils sont proches n’est pas un sujet intéressant ni pertinent, je vais plutôt me concentrer sur ce qui saura vraiment vous accrocher.
Une de mes amies à Londres a publié sur son fil d’actualité Facebook que les bases de données gouvernementales américaines étaient elles aussi désactivées en raison du « Shutdown », idem pour un autre de mes amis qui constate que lui aussi ne peut accéder aux bases de données nécessaires à sa recherche. Si vous ne voyez pas le lien avec la phrase qui coiffe cette chronique, vous avez encore le temps d’un dernier argument pour y arriver. Des rumeurs qui se sont heureusement avérées non fondées faisaient état de la fin des opérations pour l’explorateur martien Curiosity, sympathique petit robot, durant le shutdown. Ce qui aurait pu mettre à mal pour longtemps le progrès scientifique fait sur la planète rouge. Bien que ce robot restera en opération durant le shutdown grâce au privé (ceci est un bout de phrase que vous ne m’entendrez pas dire souvent), il reste que la conclusion à cette chronique devrait normalement vous apparaître grosse comme la Maison Blanche.
« Vous avez beau ne pas vous occuper de la politique, la politique va s’occuper de vous tout de même »
– Charles de Montalembert
Bien que je vous entends déjà dire que nous n’avons aucun pouvoir quelconque face au gouvernement américain, ce à quoi je vous donne raison bien entendu, je souhaite plutôt tracer un parallèle avec la situation actuelle. Nous sommes en campagne électorale municipale, les grondements de l’Assemblée nationale nous laissent déjà présager une seconde campagne dans un futur pas si lointain. Bien que la situation américaine semble catastrophique, alors que la nôtre peut nous paraître meilleure, il reste que la leçon que nous apprend le shutdown américain est encore là: la politique touche tout le monde, qu’on veuille l’avouer ou non, et c’est notre devoir de nous en occuper. On a beau ne pas être rendus à mettre fin aux opérations de notre gouvernement, il reste qu’avec les projets de charte, la corruption et la lutte des fonds de pension, je crois qu’il est temps qu’on prenne en main notre vie politique. Peu importe de quel côté on prend les énormes « wedge issues » que les gouvernements nous présentent, il faudrait qu’on pense à devenir une vraie génération politique.