Un changement sans nom

Il semblerait que ce soit désormais la mode de promettre un changement indiscutable mais indéfini au cours des campagnes électorales. L’exercice politique qui s’est terminé hier n’a pas fait exception à la règle. Ils nous en ont promis beaucoup, du changement, ce Mulcair et ce Trudeau. Il reste à voir ce qu’il en restera, finalement, après quelques mois au sommet de la tour d’ivoire.

Il serait ultimement intéressant que toutes ces vagues promesses portent un nom et qu’elles soient argumentées de manière approfondie. Un peu plus tôt dans la campagne, le journaliste Peter Mansbridge de CBC a tour à tour interrogé Justin Trudeau et Thomas Mulcair pour mieux connaître leur définition du changement politique. Il cherchait à savoir de quelle manière la vie des citoyens pourrait être affectée par ces promesses. Les deux hommes se sont bornés à répéter de vagues extraits tirés de leurs programmes respectifs.

Peut-on croire que, cette année, même les conservateurs ont promis la différence? Qu’ils se sont présentés, à l’instar de tous les groupes d’opposition, en tant qu’instruments privilégiés du changement? Ce n’est finalement qu’un exemple pas si exceptionnel de la surutilisation de ce concept en politique électorale.

Tous ces gens n’ont évidemment pas compris ce qu’on semble attendre d’eux et, dans ces conditions, à défaut d’avoir honte, ils devraient à tout le moins s’abstenir de se présenter comme des porteurs de nouveauté.

Qu’est-ce que le réel changement politique? Dans les circonstances, on pourrait croire que ce changement se trouve simplement dans l’alternative. On pourrait croire qu’il existe par une simple alternance des gouvernements justifiée par de telles promesses sporadiques. J’ose penser qu’on peut encore exiger un peu mieux de la part de nos institutions politiques publiques.

Le vrai changement politique, on ne le propose pas doucement avec un sourire. On le fait franchement, concrètement et on l’articule aux côtés de la population, pour la population. Ce n’est pas une simple vue de l’esprit et c’est encore moins quelque chose qu’on peut présenter et offrir comme un produit fini, sans promesse et prêt à être distribué auprès de la population comme des friandises au marché.

Espérons maintenant que les libéraux s’en souviendront et qu’ils permettront aux communautés autochtones de vivre ce changement tant annoncé. Espérons qu’ils permettront également aux scientifiques, aux chercheurs et aux artistes, entre autres, d’en bénéficier avant que ne soit annoncée la prochaine campagne électorale.

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