L’organisation Media Development Investment Fund (MDIF) lance un projet révolutionnaire connu sous le nom de « Outernet » — un projet qui vise à diffuser gratuitement Internet aux téléphones et aux ordinateurs à des milliards de personnes à travers le globe. Celui-ci se réalisera par le lancement de centaines de satellites miniatures en orbite terrestre basse d’ici 2015.
Jonathan Baronet
Ce projet pourrait fournir un accès à Internet sans restriction pour les pays où l’accès à Internet est censuré. Parmi ces pays, la Chine et la Corée du Nord seraient d’emblée incluses.
En envoyant des données par ondes radio, une méthode qu’ils appellent la « technologie de diffusion de données », la société basée à New York sera en mesure de diffuser Internet à travers le monde entier.
L’organisation espère récolter des dizaines de millions de dollars en dons pour lancer le projet. L’équipe d’« Outernet » affirme que seulement 60% de la population mondiale a actuellement accès à toute la richesse d’information que l’on peut trouver sur Internet.
Cela s’explique par le fait que, en dépit d’une large diffusion des appareils Wi-Fi à travers le monde, de nombreux pays sont incapables ou refusent de fournir aux gens l’infrastructure nécessaire pour accéder au Web.
Le plan de l’entreprise est de lancer des centaines de satellites miniatures à faible coût en orbite terrestre basse. Ces satellites appelés « Cubesats » recevront des données à partir d’un réseau de stations terrestres qui s’étendra partout dans le monde.
Grâce à une technique appelée « User Datagram Protocol (UDP) », qui consiste au partage de données entre utilisateurs sur un réseau, « Outernet » pourra diffuser ses informations aux utilisateurs.
Presque de la même façon dont vous recevez un signal sur votre téléviseur qui vous permet de regarder plusieurs canaux, « Outernet » diffusera Internet et vous permettra d’explorer certains sites Web.
Selon Paul Fortier, professeur au Département de génie électrique et de génie informatique de l’Université Laval, il s’agit d’un accès unidirectionnel et sélectif. C’est-à-dire que tous les sites Web ne seront pas accessibles. Seulement certains sites choisis seront “diffusés” par cette constellation de satellites.
Également, il affirme qu’il y a un problème de financement parce que, bien que le coût d’envoi de satellites ait chuté, ce projet reste tout de même une opération de plusieurs millions de dollars pour envoyer cette grande quantité de satellites.
Le professeur Dominic Grenier du Département de génie électrique et génie informatique de l’Université Laval explique qu’« il faut bien comprendre dans ce projet que ce ne sera pas possible de communiquer de manière bidirectionnelle pour l’instant. Si c’était possible, on pourrait avoir accès à tout le contenu d’Internet, et pouvoir demander de voir les pages que l’on veut ».
« Ce sera plutôt un fonctionnement unidirectionnel, car il manquera de puissance aux antennes pour réussir à communiquer avec le satellite. On ne parle pas de quelques milliwatts, on parle de centaine de watts. Le satellite n’est pas à quelques mètres à côté de vous, il est à 400 ou 500 km, peut-être même à 1000 km de vous », a-t-il affirmé.
« Unidirectionnel c’est possible, mais ça ne sera pas tout Internet qui sera accessible. Le satellite sera le serveur informatique. On va avoir accès seulement aux pages que le satellite contient. Ils vont peut-être mettre des centaines de pages de disponibles et ils vont mettre ça en bloc », a-t-il exprimé. Le professeur s’inquiète toutefois des types de contenu qui seront publiés. « Qu’est-ce qu’ils vont envoyer si ce n’est pas de la propagande? », a supposé M. Grenier.
Il ajoute : « Pour ce qui est du financement, ce n’est pas le coût du satellite en tant que tel qui est cher, c’est le coût pour l’envoyer. Une fusée coûte très cher. »
Cette entreprise new-yorkaise envisage de demander à la NASA de tester leur technologie « Outernet » sur la Station spatiale internationale afin de pouvoir commencer à la diffuser pour les internautes du monde entier.
Leur objectif est de commencer le déploiement des satellites dans l’orbite terrestre en juin 2015.
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