Photo : gracieuseté d'Exterra

Une conférence sur la décarbonisation avec Exterra

Par Lucie Bricka, collaboratrice

Ce 26 septembre, l’Institut canadien des mines a organisé une conférence à l’Université Laval, comme elle a l’habitude de le faire. Cette fois, elle a invité Olivier Dufresne, co-fondateur de l’entreprise Exterra, pour nous parler du projet novateur de sa société, appelé Hub one. Il consiste à décarboniser et stocker le CO2 atmosphérique dans les roches. M. Dufresne s’inscrit donc dans une volonté de réduire les effets du réchauffement climatique. Si cette méthode peut paraître étrange pour le grand public, Impact Campus vous propose de démystifier la décarbonisation en revenant sur les points clefs de la conférence.

Stocker le CO2 dans des roches ? Mais, enfin, pourquoi ?

D’emblée, Olivier Dufresne nous rappelle le rôle du CO2 dans le réchauffement climatique. En effet, il s’agit d’un gaz à effet de serre qui conserve la chaleur sur Terre. Depuis la Révolution industrielle, l’humain relâche une quantité anormalement élevée de CO2 dans l’air : on est passé de 250 parties par million (ppm) en 1800, à 421 ppm aujourd’hui. Le chiffre est alarmant : depuis 800 000 ans, la quantité moyenne de ce gaz à effet de serre a oscillé entre 250 ppm et 300 ppm. La dernière fois que le taux de CO2 était aussi élevé sur Terre, on retrouvait des palmiers au niveau des pôles. À l’échelle des temps géologiques, l’augmentation de ce gaz est considérée comme exponentielle.

Face à cette situation inquiétante, le gouvernement du Canada s’est engagé à atteindre le zéro net d’ici 2050 pour réduire les effets du changement climatique. C’est dans ce contexte qu’est née l’entreprise d’Olivier Dufresne, dont l’ambition est de séquestrer le CO2 dans les roches.

Mais qu’est-ce que c’est que cette idée, me direz-vous ? C’est vrai qu’à première vue, ça paraît saugrenu ! L’idée provient d’un processus qui existe déjà dans la nature : la carbonisation minérale. Il s’agit d’un processus durant lequel le CO2 réagit avec d’autres éléments chimiques, comme le calcium (Ca), ou le magnésium (Mg). Ensemble, ces composants forment une roche, appelée carbonate. Dans la nature, on observe beaucoup de carbonate de calcium (CaCO3). En effet, ces roches sont produites par les organismes marins ayant des coquilles riches en Ca. Néanmoins, la carbonisation minérale est lente et se compte en milliers d’années. Exterra a réussi à optimiser ce processus en ne le faisant durer que quelques heures et en s’assurant de la durabilité de ces roches à l’échelle des temps géologiques.

Fabrication des carbonates

L’équipe a choisi de fabriquer des carbonates diversifiés, comme le carbonate de magnésium (MgCO3) ou encore le CaCO3. Pour ce faire, l’entreprise récupère des roches riches en Mg et Ca ; soit des roches classifiées comme mafiques et ultramafiques. Elles sont dissoutes, de façon à obtenir un liquide. Par la suite, on procède à une distillation. Le principe de cette méthode est de séparer les éléments chimiques qui nous intéressent, que ce soit pour la carbonisation ou pour d’autres domaines, des autres. La distillation se produit en plusieurs étapes. Tout d’abord, le liquide est chauffé de manière à transformer les éléments intéressants sous forme de gaz. Plus légers, ils sont ensuite séparés du reste du liquide. La distillation se termine par leur cueillette dans un récipient à part. L’extraction terminée, on peut introduire le CO2. Les éléments réagissent et forment des carbonates.

Pour gagner en efficacité, l’entreprise s’est installée à Thetford Mines. En effet, la région est riche en roches mafiques, ultramafiques et résidus miniers amiantés ; ce qui en fait un lieu idéal d’approvisionnement. De plus, c’est à mi-chemin entre Québec et Montréal. C’est un excellent compromis pour capter le CO2 de ces grandes villes.

Les ambitions d’Exterra : le projet Hub one

Le Canada possède beaucoup de roches mafiques et ultramafiques. Suivant leur composition, une tonne de roche peut séquestrer entre 200 kg et 400 kg de CO2. De plus, il y a plus de 800 mégatonnes de résidus miniers amiantés, riches en Mg, au Québec. Ça fait encore plus de matière pour stocker ce gaz à effet de serre ! D’après les estimations, dans le sud du Québec, on pourrait confiner plus de 250 millions de tonnes de CO2. C’est très intéressant, car, actuellement, nous aurions besoin de séquestrer 10 milliards de tonnes de ce gaz dans le monde.

Avec les 300 millions de tonnes de résidus miniers de Thetford Mines, l’un des objectifs du projet Hub one est de séquestrer environ 547 500 tonnes de CO2 par an. À ce jour, l’entreprise en est à environ 100 tonnes par an.

Après la conférence et la séquence de questions, un petit souper a été proposé aux participant·es. Des pizzas et des boissons ont été mises à disposition. Ce fut un moment convivial qui nous a permis de discuter de la conférence !

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