Crédit photo: Radio-Canada, Nicolas Perron-Drolet

Où en est la lutte de la rémunération des stages ?

Le 10 novembre dernier, des manifestations et des grèves étudiantes ont retenu l’attention un peu partout au Québec. Les étudiant.es impliqué.es faisaient pression sur le gouvernement Legault et revendiquaient la salarisation de tous les stages en enseignement supérieur. Voici un portrait récent de leur lutte.

Henri Paquette, journaliste collaborateur

Rappelons qu’à l’heure actuelle, les étudiant.es de certains programmes universitaires (ingénierie, droit, architecture) bénéficient de stages rémunérés. D’autres, au contraire, doivent débourser de leur propre poche pour effectuer des stages. C’est la réalité d’étudiant.es dans bien des domaines, entre autres en travail social, en enseignement, en soins infirmiers et en sciences sociales.

Plusieurs semaines se sont écoulées depuis ces manifestations et force est de constater que les différents mouvements étudiants ne sont pas près d’abandonner leur combat. Pour ces derniers, les enjeux sont encore trop importants, et ils déplorent que le gouvernement Legault ne leur a pas présenté de mesures concrètes jusqu’à présent.

Des revendications variées

Selon Pénéloppe Dagenais-Lavoie, coordonnatrice aux affaires externes pour l’Association des étudiants en sciences sociales de l’Université Laval (AESSUL), le gouvernement devrait prendre l’initiative de rencontrer les différentes associations étudiantes afin de leur octroyer les ressources financières nécessaires pour assurer cette salarisation des stages.

Du côté de l’Association des étudiants en enseignement secondaire de l’Université Laval (AEESUL), Émile Pellerin, représentant de première année, a aussi mentionné la nécessité d’en venir à une entente avec le gouvernement. Il soutient que l’actuelle bourse Perspective Québec, bien qu’attrayante, est insuffisante pour pallier les frais courants des étudiants, comme le loyer et l’épicerie. Elle servirait plutôt d’outil au gouvernement pour atténuer la pénurie de main-d’œuvre dans certains domaines et, de ce fait, n’aurait pas pour objectif premier d’assurer une rémunération adéquate aux étudiants.  

« Le but de cette bourse n’est pas de rester là sans fin. C’est une mesure incitative que le gouvernement a mise en place pour résoudre la pénurie de main-d’œuvre, pour inciter plus de gens à se former pour être enseignants […] » 

Émile Pellerin, représentant de première année à l’AEESUL

Cette lutte pour les droits des stagiaires continue de faire écho non seulement à l’Université Laval, mais aussi au cégep Garneau. Pour Manouka Roy, coordinatrice adjointe à l’Association générale des étudiants du cégep Garneau, cette lutte est primordiale puisqu’elle représente une cause féministe. Les stages actuellement non rémunérés sont exercés en majorité par des femmes, ce qui témoignerait d’une tendance à dévaloriser le travail des femmes selon elle. D’où la nécessité, rappelle-t-elle, de continuer à mener ce combat dans une perspective d’égalité qui permettrait à tous les programmes de bénéficier de stages rémunérés.

Même son de cloche chez madame Dagenais-Lavoie qui pousse sa réflexion encore plus loin en mentionnant qu’il s’agirait d’une lutte féministe intersectionnelle. Les immigrant.es de première génération seraient plus enclins à exercer ces stages non rémunérés, et il y aurait un enjeu de précarité financière pour certains d’entre eux.

« Il y a […] trois paliers de discrimination aussi qui peuvent entrer en jeu : le fait d’être femme, le fait d’être une personne de couleur et le fait d’être une personne qui est la première de [sa] famille à accéder à des études supérieures […] »

Pénéloppe Dagenais-Lavoie, coordonnatrice aux affaires externes pour l’AESSUL

D’autres événements à venir?

Ce climat d’instabilité incite les associations étudiantes concernées à prévoir de nouveaux moyens de pression pour se faire entendre davantage par le gouvernement. Pénéloppe Dagenais-Lavoie et Manouka Roy ont toutes les deux énoncé que trois autres journées de grèves étudiantes seraient à prévoir pour la session d’hiver 2024. Parmi les moyens de pression envisagés, il y aurait des manifestations devant l’Assemblée nationale ainsi que du piquetage devant des institutions gouvernementales. L’AESSUL souhaite aussi inclure des soirées de discussions à ces événements pour informer et sensibiliser le plus grand nombre possible d’étudiant.es à cette lutte.

Il est important de préciser que ce dossier s’inscrit dans une série de revendications envers le gouvernement de François Legault. Les grèves du secteur public (Front commun, FIQ et FAE) en témoignent. De plus, cette lutte se poursuit alors que les chargé.es de cours de l’Université Laval viennent tout juste de se doter d’un mandat de grève de 10 jours le 22 novembre dernier.

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