Les joueurs du Rouge et Or ont joué les trouble-fêtes lors de la grande finale québécoise du football universitaire samedi, à Montréal. Un jeu truqué exécuté avec moins de 30 secondes à faire à la rencontre a permis à la troupe de Glen Constantin d’arracher la victoire aux Carabins par la marque de 20-17.
Il ne restait plus que 27,3 secondes au tableau indicateur. Le Rouge et Or, qui tirait de l’arrière 17-13, était en situation de troisième essai et trois verges à franchir. La foule réunie au CEPSUM était bruyante en cette fin de match. Le jeu appelé se devait d’être parfaitement exécuté puisque la défensive de Montréal avait bien fait jusque-là.
Tout juste avant le début du jeu gagnant, le quart-arrière des visiteurs, Hugo Richard s’est avancé pour parler à sa ligne offensive. C’est à ce moment que le ballon a été remis au porteur Sébastien Serré. Ce dernier l’a immédiatement confié à Jonathan Breton-Robert qui a complété sa première passe de touché en carrière. Sa cible : nul autre que Hugo Richard qui en était lui aussi à sa première expérience.
« Ça ne m’aurait pas dérangé de lancer, mais de l’attraper c’était mieux. Il y a beaucoup d’attention sur le quart-arrière. Alors, de mettre la balle dans les mains de quelqu’un d’autre, ça change le point de vue totalement », admet-il.
Une séquence offensive qui a paralysé la foule, qui croyait que l’issue du match était sellé. Le jeu, emprunté aux Blue Bombers de Winnipeg, était initialement prévu pour une transformation de deux points. Cela faisait quelque temps que le coordonnateur à l’offensive, Justin Éthier, revoyait cette séquence à l’entraînement.
« Normalement, j’ai de la misère à croire à des jeux comme ça », confie-t-il. Toutefois, il assure que, contre une défensive comme celle de Montréal, il faut être créatif. C’est alors qu’il a pensé au jeu que son collègue Brad Collinson, l’entraîneur des porteurs du Rouge et Or, lui avait parlé trois semaines auparavant.
Match émotif
La fébrilité était dans l’air lors de ce fameux dernier jeu qui a donné raison aux rouges. Le silence était d’or et les yeux étaient tous rivés sur la zone des buts de Montréal. Une fin de match enlevante, au plus grand plaisir de l’entraîneur-chef Glen Constantin.
« Je ne m’attends à rien de moins que ça. Tu sais que ces matchs-là vont se finir comme ça. J’avais un drôle de feeling. Les gars ont montré beaucoup de résilience. On savait que de l’adversité il allait y en avoir, de bons jeux et de mauvais jeux, mais, peu importe, le plus important était le prochain. Les joueurs ont embarqué là-dedans jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de temps au tableau. Je suis super fier de la façon dont ils ont répondu aux erreurs qu’on a faites et aux punitions qu’on a eues », soutient-il.
Pour le receveur Félix Faubert-Lussier, qui en est à sa dernière année au sein de la formation, c’était tout simplement un rêve devenu réalité.
« C’est un moment que j’attendais depuis un moment. C’est l’une des raisons pour lesquelles je suis revenu à Laval cette année. De réussir à battre Montréal à Montréal, ça prouve qu’on a une équipe pour faire de grandes choses. Notre but, c’est d’aller jusqu’au bout et la victoire d’aujourd’hui est un pas dans la bonne direction », lance-t-il, tout juste après la victoire des siens.
« Ça fait du bien. C’est le fun. Honnêtement, on a travaillé fort. Depuis janvier, les gars travaillent comme des malades pour des moments comme ça. On est content que ce soit enfin arrivé de notre côté », ajoute Antony Dufour.
Forger son identité
Glen Constantin voit en la victoire quelque chose de bien plus grand que le titre. Il confie que ses joueurs croient de plus en plus en eux et que l’équipe qui se présente sur le terrain à tous les matchs commence à ressembler au « Rouge et Or d’antan ».
Disputer la Coupe Dunsmore en terrain hostile était un beau défi pour son équipe et cette victoire est un élément important pour son identité. « De venir la gagner ici, je crois que ça va nous permettre de bâtir non seulement pour la semaine prochaine, mais aussi pour l’avenir. Il y a beaucoup de jeunes qui n’ont pas connu la victoire. De réussir à surmonter l’adversité, ça les motive. L’avenir est beau pour nous. »
« Ce n’est pas une Coupe Vanier, mais, dans les Dunsmore, c’est l’une des plus belles qu’on a gagnées », lance-t-il.
Début de match cauchemardesque
Le dernier jeu a sans doute fait oublier les difficultés qu’ont connues Hugo Richard et Dominic Lévesque durant la rencontre. Les trois revirements et les cinq placements ratés auraient pu coûter le match au Rouge et Or. Justin Éthier lève son chapeau à la défensive qui a été impeccable lors des trois revirements causés par le quart-arrière.
« La défensive a été extraordinaire. Qu’on se sorte de là avec seulement six points », s’ébahit le coordonnateur offensif. « Le premier revirement n’était pas chanceux. Mais les deux autres d’après, c’est inacceptable. Il faut éliminer ça », poursuit-il.
Ce qui a recentré Hugo Richard selon lui, c’est la performance de ses coéquipiers. « De voir sa défensive, ça l’a calmé. Il a mis tout ça de côté et il est reparti », estime Éthier. Le quart-arrière a terminé sa journée de travail avec 28 passes complétées en 44 tentatives pour un total de 392 verges, et ce, en plus de capter sa première passe en carrière. Un match en dents de scie pour le pilote des rouges.
Breton-Robert flamboyant
Jonathan Breton-Robert s’est transformé en un véritable héros samedi alors qu’il était au cœur de l’exécution du jeu truqué qui a mené les siens à la victoire. Un rôle dans lequel il était bien à l’aise. « J’étais excité. Je savais que ça irait bien. On avait pratiqué et ça allait toujours bien », raconte-t-il.
La recrue originaire de Saint-Anselme a prouvé qu’il méritait sa place sur la liste des partants en captant 10 ballons pour des gains de 161 verges. Glen Constantin n’avait que de bons mots pour le joueur par excellence du match.
« C’est malade! Ce kid-là ne connaît pas la pression. Il joue au football pour les bonnes raisons, il s’amuse. Il fait gros jeu par-dessus gros jeu », souligne-t-il.
« Il a fait plusieurs gros attrapés qui nous ont permis de gagner ce match-là, concède Hugo Richard. C’est un gars qui ne fait pas beaucoup de bruit, qui est à son affaire. On sait que, quand il est temps de jouer au football, il est là à 100 %. »