Retour sur la campagne Sans oui, c’est non

La campagne de sensibilisation Sans oui, c’est non a bel et bien fait sa marque sur le campus de l’Université Laval au cours de la semaine d’initiations. Loin d’être terminée, Impact Campus s’est intéressé à ses buts, ses effets et son futur.

La campagne a pour mission de prévenir les violences à caractère sexuel, le harcèlement et l’agression. Conçu par l’Université de Montréal et son Bureau d’intervention en matière de harcèlement, le mouvement implique maintenant plus d’une quinzaine d’universités qui y contribuent toutes différemment.

Le but est de « sensibiliser la communauté universitaire à l’importance du consentement, d’outiller les personnes à réagir adéquatement lorsque sont témoins de violence sexuelle et de publiciser les ressources pour les victimes de violence à caractère sexuel », peut-on lire sur le site web du comité responsable.

De son côté, le Centre de prévention et d’intervention en matière d’harcèlement de l’Université Laval (CPIMH) est satisfait des impacts de cette campagne. « Nous sommes heureux de voir que les étudiants en ont entendu parler. Lorsque la problématique devient connue, les gens commencent à se questionner par rapport à cette dernière. C’est à ce moment que l’on fait de l’éducation », explique la présidente de l’organisme Josée Laprade.

Même discours de bénéfices à la CADEUL, dont la présidente Vanessa Parent parle d’un sentiment collectif. « C’est réellement une belle campagne. Les gens se l’approprient. Il y a une envie de la propager par eux-mêmes. Nous sommes vraiment satisfaits de la campagne », lance-t-elle. Il est rare de voir une campagne de sensibilisation fonctionner autant, s’étonne-t-elle.

Un futur et des améliorations

Les deux organisations rencontrées nous confirment que la campagne est loin d’être terminée. La CADEUL souligne d’ailleurs que la sensibilisation sera faite non seulement lors des initiations, mais aussi tout au long de l’année. De son côté, le CPIMH désire continuer à informer les étudiants sur les différents services d’aide. « Il existe une ligne de dénonciation anonyme. Ce n’est pas très connu. On peut seulement indiquer où la situation s’est produite, quand, avec qui et qu’est-ce qui s’est produit. C’est dans les meilleures pratiques de prévention », rappelle la directrice du centre. Ce service est rejoignable au (418) 656-8800.

Satisfaite de ce projet, Josée Laprade continue tout de même de croire qu’il y a encore des points sur lesquels il est possible de progresser. « Nous sommes au début de cette campagne, mais nous travaillons déjà sur les activités de la prochaine au mois de mars », note-t-elle. Le CPIMH désire notamment que l’opération ne soit plus seulement perçue comme un mouvement unisexe. « On aimerait qu’elle ne soit pas seulement une campagne de filles. Il y a un certain malaise des garçons face à ce sujet-là qu’on doit briser. »

Celle qui est également conseillère en orientation à l’Université Laval estime que certains hommes peuvent se sentir visés de façon indue. Ce n’est pourtant pas l’effet que veut créer toute cette promotion, assure Josée Laprade : « Je crois plutôt que nous avons besoin des hommes pour faire ce changement-là. »

Une problématique encore très présente

L’une des statistiques énumérées par le CPIMH fait grandement réagir sur les médias sociaux. Une femme sur quatre et un homme sur six ont été victimes d’au moins une agression à caractère sexuelle au cours de leurs études supérieures, certifie la présidente du Centre. La réalité est que peu de plaintes sont portées.

« Ce n’est pas surprenant quand on parle d’harcèlement sexuel, car nous savons que la majorité des cas passent sous silence. On parle de 90% des agressions qui ne sont pas dénoncées », exprime Josée Laprade. L’alcool jouerait aussi un rôle dans les cas d’agression sexuelle. « 50% de ces cas impliquent la consommation abusive », se désole-t-elle.

Le CPIMH avance finalement sa théorie sur les fondements de cette problématique qu’est la culture du viol. « Ce sont des croyances qui font en sorte que nous rendons la victime responsable. C’est à elle ou à lui de ne pas boire, de ne pas s’habiller sexy. Le monde demeure dans ces croyances-là », conclut Josée Laprade. La meilleure façon d’agir face à ces croyances, selon elle, c’est la prévention.

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