Atelier Le Pieu : La relève de l’édition alternative prend les choses en main

Alors que la scène littéraire québécoise est en pleine effervescence et que les arts littéraires gagnent du terrain, les collectifs La Fatigue et Le Bestiaire présentent un tout nouveau projet d’atelier d’impression autonome et d’auto-édition communautaire pour la relève : Le Pieu.

Par William Pépin, chef de pupitre aux arts

L’atelier Le Pieu est un projet d’édition alternative ayant vu le jour dans la dernière année, conçu dans l’idée de rendre plus accessible la réalisation de projets par la relève en arts littéraires. Actuellement en campagne de sociofinancement, leur objectif est d’amasser la somme de 19 000 $. Le Pieu utilisera ce montant à plusieurs fins, notamment pour louer un local au cœur du quartier Limoilou et pour se munir d’équipements permettant de concevoir et d’imprimer des revues, des livres, des zines et des affiches tout en offrant la possibilité à ses futurs membres d’apprendre à se servir des futures machines qui seront présentes sur les lieux. Outre l’idée de rendre accessibles les moyens de production habituellement hors de prix, l’un des objectifs de l’atelier est donc d’être un lieu d’échanges et de partage des savoirs, le tout dans une perspective communautaire et d’entraide.

Qui est derrière Le Pieu?

Le projet a été élaboré par le collectif La Fatigue, un ensemble de créateur.rice.s spécialisé.e.s dans l’auto-édition et la confection de zines. Un zine, c’est une œuvre originale et artisanale destinée à une circulation restreinte. Auto-publié, il est la plupart du temps l’œuvre d’une seule personne ou d’un petit groupe. Il s’agit d’un objet dont l’artiste priorise autant la forme que le fond pour y exprimer sa sensibilité. Si ces œuvres marginales ne sont pas destinées à un grand tirage, elles ne sont pas pour autant dénuées d’intérêt : leur richesse réside dans cette quasi exclusivité entre l’artiste et ses lecteur.rices, dans cette intimité de la transmission.

À titre d’exemples, voici quelques zines créés par le collectif. Vous pouvez d’ailleurs consulter tous leurs projets en version intégrale directement sur lafatigue.net.

Depuis peu, le collectif féministe Le Bestiaire s’est joint au projet du Pieu. Le Bestiaire se distingue de La Fatigue par sa non-mixité, pour sa diffusion de fanzines et ses œuvres multidisciplinaires. En ce sens, les deux collectifs ont décidé d’unir leurs forces afin de pallier au manque de ressources en matière d’auto-édition indépendante à Québec.

Voici quelques projets conçus par Le Bestiaire. Pour en savoir plus sur le collectif, vous pouvez visiter leur page Facebook.

L’alternative pour rassembler

Lorsque j’ai interrogé Tristan Février, membre de La Fatigue, sur le choix du nom de l’atelier, il m’a fait remarquer la symbolique de l’ancrage du pieu : « Ça part un peu d’une volonté politique de faire ce projet-là. On manque de points d’ancrage pour se rassembler, pour se lier, pour créer et entretenir la communauté. Ce qu’on veut faire, c’est rassembler le monde pour rendre notre vie plus stimulante […] C’est important pour nous de briser ce mur-là et de créer un espace d’échanges entre les personnes et les institutions. Une de nos manières de se financer va être de réaliser des projets pour les maisons d’édition et les collectifs. »

Offrir du soutien à la relève

Les soutiens que compte offrir Le Pieu sont multiples. Tristan Février confirme notamment qu’une part du financement sera réservée à l’expertise professionnelle et aux formations que les créateur.rice.s pourront suivre directement sur place : « Dans la mesure du possible, on va essayer d’organiser des ateliers de formations, notamment pour l’utilisation des machines plus spécialisées comme le risographe, soit des machines qui demandent certaines connaissances préalables. » Cette volonté d’épauler la relève dans l’acquisition de nouveaux savoir-faire est donc en adéquation avec l’esprit d’ouverture et d’entraide que promeut l’équipe du Pieu.

Une fois le financement obtenu, plusieurs moyens seront mis en œuvre pour que l’atelier puisse s’autofinancer et ainsi assurer sa longévité, comme des offres de cours, des contrats d’impression avec des éditeurs et des abonnements pour les membres dont la formule serait symbolique. Si les modalités d’abonnement semblent encore à définir du côté des collectifs, l’idée d’instaurer un système de permanences au local est sur la table pour ainsi assurer une entrée régulière de fonds.

Pour en savoir plus sur le projet ou pour y contribuer, vous pouvez visiter la page de la campagne de sociofinancement juste ici. Depuis quelques jours, des contreparties sont d’ailleurs offertes aux contributeur.rice.s soutenant financièrement le projet.

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