Droit de grève des étudiants : Clarifier les choses une fois pour toutes

Les étudiants québécois peuvent s’indigner et manifester dans notre société, comme ils l’ont fait en 2012. Or, lorsque vient le moment pour eux de faire la grève, il subsiste encore un flou entourant certaines modalités juridiques envers ce droit. Une imprécision que Gabriel Nadeau-Dubois souhaite voir disparaître au plus vite.

L’ex-leader de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) s’est prononcé plusieurs fois au courant de la dernière semaine afin de rappeler à quel point les étudiants doivent se mobiliser sur cette question. Il est temps, selon lui, que des mesures gouvernementales soient prises pour ne pas nuire à d’éventuelles mobilisations étudiantes.

Celui qui est maintenant conférencier ne souhaite pas que le droit de grève soit débattu encore une fois juridiquement, puisqu’il s’agit d’un droit fondamental des étudiants.

« Depuis 2012, il y a de la mobilisation de gens opposés à la grève, dit-il. Ils ont le droit de le faire, sauf que cela a ouvert un débat sur la manière d’éviter ces imbroglios juridiques comme ceux de 2012. C’est ça le principal problème à régler. »

Pour la suite des choses, Gabriel Nadeau-Dubois demande au gouvernement de prendre des mesures concrètes pour mieux encadrer juridiquement le droit de grève, afin d’éviter que les étudiants fassent appel à des injonctions, comme ça a été le cas en 2012.

« Je pense que ça doit se faire, car, à l’heure actuelle, il y a un flou dans la loi permettant le droit de grève des associations étudiantes, estime-t-il. Il faut que le gouvernement dissipe ce flou pour que, dans l’avenir, lors des prochaines manifestations étudiantes, on évite de voir les tribunaux engorgés de la sorte, qu’il y ait moins de confrontations sur les campus. »

Plus d’encadrement, sans nuire à l’autonomie

« Ce qui est essentiel pour moi, c’est que les associations étudiantes gardent une marge d’autonomie, poursuit le jeune homme. Il ne faudrait pas, sous prétexte de clarifier la situation, retirer aux associations étudiantes leur autonomie, qui a fait leur force au Québec depuis 40 ans. »

Selon Gabriel Nadeau-Dubois, l’intervention du gouvernement dans l’encadrement du droit de grève ne doit pas nuire aux associations étudiantes dans leur volonté de se mobiliser sur certains enjeux ainsi que dans leur processus décisionnel. Il reconnaît toutefois que des principes généraux peuvent être mis en place pour favoriser le bon fonctionnement des associations étudiantes sans nuire à leur indépendance.

Le membre du collectif Faut qu’on se parle n’a pas précisé d’exemples de principes qui pourraient être appliqués. Il s’agit, en revanche, d’une question sur laquelle le gouvernement devra se pencher tôt au tard, précise-t-il.

Sans surprise

Questionné sur le fait que le gouvernement n’ait toujours pas mis en place de mesures concrètes pour préciser juridiquement le droit de grève étudiant, Gabriel Nadeau-Dubois n’est pas surpris le moins du monde, mais il s’attend à plus de la part des élus.

« Politiquement, c’est une patate chaude pour le gouvernement, et ça ne serait pas très populaire chez les électeurs libéraux. Le gouvernement veut éviter de donner l’impression de faire des concessions au mouvement étudiant, alors que, pourtant, il s’agit seulement d’une clarification des règles du jeu. »

L’héritage du printemps étudiant

Presque cinq ans ont passé depuis ce fameux printemps étudiant qui a marqué la société québécoise. Avec le recul, l’ex-leader étudiant juge que le mouvement étudiant a eu des impacts significatifs sur le Québec, autant en éducation que dans les débats de sociétés.

« Aujourd’hui, un baccalauréat coûte 4000 $ de moins que cela aurait coûté si la hausse prévue par les Libéraux avait été appliquée, conclut-il. Ça, c’est significatif pour des jeunes provenant de famille de la classe moyenne ou défavorisée. À travers la société, quand je vais dans des mouvements syndicaux, environnementaux, dans le mouvement féministe, je croise toujours beaucoup d’anciens militants de 2012. Une génération très politisée est née grâce au printemps étudiant. De nombreux débats ont émergé en 2012 . Ils ont aussi fait un bon bout de chemin depuis, tout comme la gratuité scolaire et la transformation marchande des universités. »

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