Folie boursière à l’UL

Les dernières transactions défilent sur les écrans. Les nouvelles de dernières minutes tombent et ébranlent les marchés. Des bénévoles enregistrent à un rythme effréné les transactions des investisseurs. « Achat, client 64, action no 3, 5000 $ ». Les participants sont galvanisés. Bienvenue à la 27e édition de la simulation boursière de l’Université Laval.

180 participants de l’Université Laval, de HEC, de Sherbrooke, de Trois-Rivières, de l’UQAR, de l’UQAC et de l’UQAM étaient présents samedi dernier au pavillon Charles-De Koninck. Chacun commence la simulation avec 200 000 $. En équipe de 4 à 6 personnes, tous ont une chance de gagner le premier prix qui est de 1500 vrais dollars. Ce sont d’ailleurs des étudiants en marketing de l’UL qui l’ont remporté.

La simulation reproduit un an d’activité en bourse, divisé en quatre trimestres. Un scénariste a préalablement fixé dans le temps des évènements « plausibles et raisonnables » pour faire varier les valeurs des différentes actions. Les participants pouvaient donc miser sur huit titres, variant du pétrole aux assurances en passant par les jeux vidéo et les mines d’argent.

« Le plaisir c’est la base », dit la responsable de l’Association des étudiants en finance de l’UL (AEFUL), Catherine Normand. « C’est sûr qu’il y a des gens qui sont expérimentés ici. Mais c’est beaucoup de chance, parce que finalement, ce sont des évènements fictifs. Ça fait que tu ne le sais pas d’avance. » Et pour compte, l’excitation ou l’exaspération, c’est selon, se lisent sur tous les visages.

Certains évènements perturbateurs étaient prévus, sans que l’on sache si l’impact serait positif ou négatif. Par exemple, à un moment donné, on s’attendait à des résultats cliniques d’une compagnie pharmaceutique. Quand la nouvelle est tombée, que les résultats étaient positifs, que 100 % des cobayes résistaient aux médicaments, les cris de joie ont fusé. L’action s’envole.

Mais malheur ! Quelques minutes plus tard, un laboratoire arrête la production du médicament, prétextant des coûts de fabrication trop élevés. La valeur de l’action s’effondre. Dans l’atrium du De Koninck, on s’arrache les cheveux tandis que d’autres se félicitent d’avoir anticipé le coup.

Similiréalité

Raphaël Fortier, étudiant en finance, nuance la véracité de l’exercice. « Aussitôt que tu veux vendre, tu vends, aussitôt que tu veux acheter, t’achètes. T’es sûr de pouvoir vendre ou acheter, contrairement à la réalité où il faut quelqu’un qui achète ce que tu veux vendre et qui vend ce que tu veux acheter. »

Les quelques nouvelles prévues d’avance font aussi une énorme différence sur la réalité de la bourse. « On a des nouvelles à l’avance, on sait quand des nouvelles vont sortir. On a vraiment un avantage immense », poursuit-il.

La réaction habituelle des investisseurs est la prudence. Ici, l’esprit du jeu l’emporte. « La plupart du temps, tu vas faire… “Mmh, je ne suis pas sûr, je vais attendre la nouvelle, mais je vais le préparer” », explique Raphaël.

D’autant plus que la régulation des marchés est inexistante. « Dans la vraie vie, tu ne peux pas jouer autant que ça avec ton argent. Les marchés ne te laisseront pas faire, les courtiers ne te laisseront pas avoir une dette aussi grosse. Ils vont t’obliger à liquider tes actions si t’es en train de trop perdre. Ici, il n’y a pas ça », commente-t-il.

Cependant, l’étudiant en finance le concède : « C’est quand même formateur ! » La réaction aux nouvelles et les comportements des actionnaires sont en effet semblables à la réalité.

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