Journée internationale des droits des femmes en prolongation

Le 8 mars est la journée que l’on a désignée pour souligner l’importance de rappeler que les droits des femmes ne sont pas acquis. Au Québec, c’est en 1971 que l’on a officiellement fait quelque chose pour cette journée : le Front de libération des femmes lance une campagne pour l’avortement libre et gratuit. Ce n’est pas toujours partie gagnée pour la gente non masculine et ce, pour les 364 autres jours de l’année non plus. Poursuite des discours face aux enjeux que rencontrent les femmes.

Par Sabrina Boulanger, journaliste multimédia

Bien que les luttes féministes d’aujourd’hui diffèrent de celles d’hier, on ne peut toujours pas prendre pour acquis ce qui a autrefois été gagné : regardons, justement, le recul observable par rapport au droit à l’avortement, que nous avons vu passer dans les nouvelles dans la dernière année. C’est pas si pire au Canada, me direz-vous, certes légalement tout est bien beau, mais encore faut-il avoir accès à ces soins. Toutes les femmes n’ont pas les mêmes facilités d’accès, pensons aux étudiantes étrangères, aux femmes qui n’ont pas de carte d’assurance maladie, aux femmes en situation vulnérable, aux femmes hors des régions métropolitaines. Et, au cœur même du problème : ce droit n’est pas encore perçu comme tel pour toustes. Comme le mentionne Diane Lamoureux, professeure au département de science politique de l’Université Laval, les batailles ont longtemps concerné le cadre institutionnel, mais « [c]’est de moins en moins le cas et nous nous battons à contre-courant, ce qui nous met dans la posture politique ambiguë de devoir défendre nos ‘‘acquis’’ » (Lamoureux, 2013, p. 14). Les luttes continuent d’exister au sein même de notre conception de ces droits – ce sont les mœurs et les mentalités dont il est question ici. 

Somme toute, oui, on peut considérer que l’enjeu de l’avortement en est un qui se porte assez bien, au Québec. Mais d’autres, dans la catégorie santé sexuelle et reproductive, sont encore à défendre. Mentionnons entre autres les questions liées à l’accouchement, à la contraception gratuite, à l’éducation sexuelle, à la stérilisation, aux violences gynécologiques; ce sont des secteurs où il y a encore beaucoup à réfléchir. 

Pour Diane Lamoureux, le féminisme est intrinsèquement lié à beaucoup d’autres luttes dans l’optique d’une justice sociale : « Dans les prochaines années, il nous reste donc à établir l’idée que rien de ce qui est humain n’est étranger aux préoccupations féministes. Ainsi, on ne peut pas réfléchir à l’organisation de notre système de santé en faisant l’impasse, par exemple, sur la division sociale et sexuelle du travail qui prévaut dans ce secteur, ni sur les répercussions de la tarification des soins pour les femmes plus spécifiquement, les inégalités sociales de santé, la division sexuelle et générationnelle du travail au sein de la  famille, le rôle des femmes immigrantes dans les soins aux personnes, etc. » (Lamoureux, 2013, p. 15)

 

Référence

Lamoureux, D. (2013). Un combat pour l’égalité et la justice sociale. Relations, (762), 13–16.

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