Crédit photo : Élia Barbotin

Laissez-passer universel : un vent d’espoir souffle sur le campus

La nouvelle administration de l’Université Laval a récemment relancé les discussions autour du laissez-passer universel (LPU) de bus pour les étudiants en se rangeant derrière la CADEUL et l’AELIÉS. Sommes-nous près de voir la mesure se concrétiser?

Paru le 13 août dernier, le mémoire déposé par les deux associations étudiantes demande à ce que chaque étudiant verse de sa poche une cotisation supplémentaire chaque année. Pouvant osciller entre 60 et 162 $, celle-ci permettrait à tous les Lavallois d’utiliser les transports en commun de manière simple et efficace.

Le tracé que créerait le LPU impliquerait normalement « un accès illimité inter-rives aux territoires de Lévis et de Québec, mais aussi entre les établissements d’enseignement », explique le nouveau président de l’AELIÉS, Pierre Parent Sirois.

Entamant sa quatrième année de négociations, le groupe de travail chargé de trouver le meilleur consensus est formé des trois entités représentantes de l’UL, du Réseau de transport de la Capitale (RTC) et de la Société de transport de Lévis (STL). La dernière rencontre entre les parties prenantes est survenue le 15 août, mais aucune autre n’est actuellement à l’horaire.

Le bon timing ?

Pierre se dit d’ailleurs absolument convaincu « que les étudiants désirent avoir une telle mesure ». Les récentes consultations publiques sur la mobilité durable ont démontré, selon lui, que la communauté est « investie et concernée par les enjeux sociaux-environnementaux, mais aussi les défis économiques ».

La CADEUL semble abonder dans le même sens. Dans un contexte où la question des déplacements alternatifs « occupe une place centrale » dans l’espace public, l’association affirme vouloir « poursuivre les discussions afin d’en arriver à un accord satisfaisant pour toutes les parties, le plus rapidement possible ».

« Nous sommes confiants que ce projet peut améliorer la condition des étudiantes et des étudiants de l’Université Laval. C’est exactement pour cette raison que nous poursuivons, aux côtés de l’AELIES et de l’administration de l’Université Laval, nos efforts pour réaliser le projet LPU», indique également le président de la CADEUL, Samuel Rouette-Fiset.

Tout près, des modèles semblent se dessiner. Pour la rentrée scolaire cette année, le Cégep Garneau distribue près de 2000 laissez-passer temporaires, fonctionnels pour une durée d’un mois seulement. Pour chaque institution d’enseignement, « c’est une belle manière de recruter des étudiants internationaux ou des jeunes concernés par le développement durable », estime Pierre.

Il y a près de huit ans, le vice-recteur chargé à l’époque du développement durable de l’Université de Sherbrooke, Alain Webster, affirmait que le LPU avait causé une hausse de 16% du nombre d’usagers de l’autobus. Un chiffre intéressant, surtout dans le contexte où l’Université Laval souhaite réduire ses espaces de stationnement au profit d’espaces verts.

Questionnées à savoir si les négociations avançaient bien, les deux associations de cycles se font pour l’instant prudentes et affirment qu’elles préfèrent « laisser les tables travailler » jusqu’à de nouveaux développements « dans un futur proche ». Elles espèrent pouvoir annoncer de bonnes nouvelles dans les prochains mois.

Le rectorat répond aux questions

En point de presse jeudi dernier pour lancer l’année, la rectrice, Sophie D’Amours, et le nouveau vice-recteur aux études et affaires étudiantes, Robert Beauregard, ont expliqué leur position sur le LPU aux médias.

« Actuellement, on regarde ce que les cégeps disent et vont faire pour bien se positionner et porter des actions concrètes, a indiqué le vice-recteur. Il n’y a pas de solution encore, mais on est tous confiants d’en trouver une très bientôt. »

En réitérant son appui au projet et en félicitant les associations étudiantes pour leur implication, Sophie D’Amours a ensuite affirmé vouloir « travailler sur l’expérience dans notre campus ».

L’Université veut bel et bien « faire partie de la solution » selon elle, mais elle ne considère pas l’option de participer financièrement.

« Il y a de plus en plus d’automobilistes sur les routes, mais on ne veut pas pour autant plus de voitures », dit Robert Beauregard. D’ici un à trois ans, selon lui, on pourrait voir apparaître un LPU valide et fonctionnel. Rappelons que l’administration n’a pas non plus écarté la possibilité de décaler les heures de cours à 9h30, le matin, afin de désengorger le trafic.

Dans son Plan de mobilité durable en 2010, la Ville de Québec visait à augmenter l’achalandage des usagers de bus, de 150 000 à 300 000.

Les avantages pour le corps étudiant

« Il va de soi que, si le système de transport en commun est meilleur à Québec, des gens y seront attirés, la situation de la densité des villes sera plus favorable et les gens auront envie de rester », note Pierre Parent Sirois.

Mais concrètement, quels seraient les principaux bénéfices ?

  1. Diminution du coût de la passe d’autobus, qui est remplacé par un coût fixe sur l’année, payé au même moment que les frais de scolarité. « Ça faciliterait toute notre planification budgétaire », souligne l’AELIÉS.
  2. Action de réduction des gaz à effet de serre (GES), volet important de la politique en développement durable (DD) de l’Université Laval.
  3. Pourrait éventuellement réduire la densité de la circulation et les bouchons par une bonne promotion sur le campus et le développement d’un sentiment d’appartenance envers le bus.
  4. Amélioration du service de distribution des flottes en général, particulièrement pour la population estudiantine.
  5. Accès à plusieurs autres pans souvent oubliés de la ville de Québec pour les étudiants étrangers en échange.
Le LPU, il y a 12 ans déjà

2005 : Début des discussions autour du concept, publication d’un premier mémoire et de premiers textes.

2009 : Premier référendum sur la question. Résultats : 76% des étudiants de l’UL se disent pour la réalisation du projet, moyennant une cotisation minimale de 60$. Une étude commandée par le RTC révèle toutefois un besoin manquant de 1,7 M$.

2013 : Création d’un comité technique afin de trouver des pistes de solution rentables et réalistes.

2017 : Nouvelle demande informelle envers le RTC, qui devra réévaluer les propositions financières avancées.

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