Photo : Henri Ouellette-Vézina

Le mouvement CRAIES « part en campagne »

Le dimanche 15 octobre semble constituer un tournant majeur pour les étudiants en enseignement et leur combat d’obtention d’une compensation financière pour leurs stages. Des représentants de plusieurs universités québécoises se sont réunis à Sherbrooke pour adopter un plan d’action : « Nos professeurs méritent mieux, nos stagiaires aussi ».

« On part en campagne », lance Antoine Côté, le porte-parole de la Campagne de revendications et d’actions interuniversitaires pour les étudiants et étudiantes d’éducation en stage (CRAIES).

Pour lui, l’enjeu de la CRAIES est double. Il s’agit d’abord et avant tout « d’enrayer la précarité financière qui accompagne malheureusement trop souvent les stages de prise en charge en enseignement ».

Le but ultime est toujours le même : celui d’obtenir une « compensation financière sur les stages finaux », déclare le vice-président aux affaires externes de l’Association des étudiants en enseignement secondaire de l’Université Laval (AEESUL), Gabriel Ouellet. La charge de travail des stagiaires est depuis longtemps « assez intense », précise-t-il.

Plus loin encore, il s’agit aussi de revaloriser la profession enseignante de manière générale. « Ça nous touche nous, les stagiaires, mais aussi les enseignants », poursuit Gabriel Ouellet. Cette revalorisation passerait justement par l’action des stagiaires, selon le porte-parole de la CRAIES, d’où le nom de la campagne.

Il regrette que « les décideurs politiques oublient que, dans les professions à haute valeur sociale, on retrouve des conditions de stage bien meilleures que les nôtres actuellement ».

Structurer l’action

Jusqu’ici, les actions menées par les étudiants dans les différentes universités se limitaient à des actions de sensibilisations : port du chandail de la CRAIES tous les jeudis à l’Université Laval, circulation des macarons, 5 à 7 ou tables rondes. Une pétition avait également été déposée l’année dernière à l’Assemblée nationale, sans grandes réactions de la part du gouvernement.

Gabriel Ouellet est affirmatif : « il n’y avait aucun plan d’action auparavant, et c’était davantage des petites actions au niveau local ». Ce qui était nécessaire à ce stade de la campagne, c’était de « rassembler les membres », assure-t-il.

Le congrès du 15 octobre semble marquer un véritable tournant pour les militants de la CRAIES. Il a été décidé que l’ensemble des membres allaient se mobiliser et adopter un plan commun d’action. Il y a donc une réelle volonté de créer une coalition au sein des universités québécoises afin d’arriver à une action structurée, qui vient conférer une certaine crédibilité pour plaider auprès du gouvernement.

« On souhaite ajouter un carcan qui est beaucoup plus concerté. C’est donc de planifier des actions de l’Abitibi à Québec en passant par Montréal », déclare Antoine Côté.

Plusieurs actions sont d’ailleurs déjà envisagées. En ce qui concerne l’Université Laval, bon nombre d’actions de sensibilisation sont prévues. On parle notamment d’une vidéo promotionnelle sur la CRAIES, d’une semaine complète sur la thématique et d’une présence accrue sur les réseaux sociaux. Les 5 à 7 politiques seront dorénavant organisés au niveau national pour qu’ils aient lieu simultanément et plus intensément.

Entamer un dialogue

Le prochain défi à relever est donc de susciter l’attention du gouvernement pour entamer une discussion. « Jusqu’à maintenant, on a pas été capable d’avoir une oreille attentive de la part de l’État, et c’est triste », déplore Antoine Côté.

Gabriel Ouellet nuance tout de même ce propos. « Mme David n’est pas fermée à l’idée, c’est juste qu’elle n’a pas le temps de travailler là-dessus », croit-il. Il s’agit donc maintenant de bâtir un dossier détaillé et complet pour le présenter au gouvernement. Il rappelle également que Carlos Leitao, ministre des Finances du Québec, avait déclaré lors de son passage à l’Université Laval l’an passé qu’il était possible qu’une place se libère dans le budget pour les stagiaires en éducation.

Le gouvernement n’écarte donc pas la possibilité de faire évoluer les choses, selon lui. Malgré tout, Antoine Côté garde bon espoir. Il croit que la campagne trouvera enfin écho au parlement, à Québec. « L’éducation, ça a toujours été un sujet qui tient à coeur les gens en général. Pour moi, il y aura toujours cette volonté sociale d’améliorer nos conditions », conclut-il.

Consulter le magazine