Les Débats de la pomme : Croquer la discorde

Aussi instructifs que l’arbre de la Genèse, moins endormants que la pomme de Blanche-Neige, et tout aussi discordants que celle qui a enflammé Troie, les Débats de la pomme verront s’affronter étudiants et amoureux de joutes verbales en novembre prochain, au Fou Aeliés. 

Les Débats de la pomme… Devant ce titre, on reste d’abord dubitatif. On pressent la référence sans pouvoir clairement l’identifier. Daphnée Savoie, organisatrice de l’événement et étudiante à la maîtrise en philosophie, vient éclaircir ce point : « c’est une allusion subtile à la pomme de discorde. C’est un événement important et grave de la mythologie grecque qui a mené à la Guerre de Troie », confie-t-elle.

Valoriser le débat

Mais lors des Débats de la pomme, nulle question de recréer la Guerre de Troie sur le campus. Le titre devient un avertissement. « Si on n’invite pas la discorde, on ne met pas en valeur une rivalité, une force de controverse qui peut être bonne dans certains cas. Ça serait même risquer de ne pas la mettre en valeur, selon moi », admet Daphnée Savoie.

L’objectif avoué de ces débats est de mettre en valeur le caractère positif et constructif des joutes verbales. « J’ai pour mon dire qu’au Québec, on a un peu ce petit côté frileux par rapport au débat ou à l’échange, qui peut être musclé parfois, mais qui est nécessaire comme exercice démocratique », atteste l’étudiante en philosophie. Elle dresse ce constat autant dans la vie quotidienne que dans le paysage politique du Québec. Selon elle, le débat est nécessaire, s’il est constructif : « Une prise de position peut prendre du temps à se faire entendre, mais ça doit se passer pour qu’on arrive à se comprendre et à s’entendre. »

Un exercice politique, académique et ludique

Ce projet, créé à l’initiative de cinq étudiants en philosophie, criminologie et sociologie, mûrit depuis l’été dernier. Il s’agit de trois séries de débats autour de thèmes foncièrement différents : la crise de l’art contemporain, la responsabilité collective entre les peuples et le transhumanisme. « Puisque je voulais des débats interfacultaires, nécessairement il fallait que les sujets puissent attirer différentes sortes de personnes. Mais à chaque fois le sujet est abordé de manière assez politique », explique l’organisatrice du projet.

Des étudiants de tous horizons peuvent postuler. L’événement est aussi ouvert aux professeurs et même à des personnes qui ne font pas partie de la communauté universitaire. « Ce que j’espère voir dans les débats, c’est une réflexion qui pourrait être commune et intéresser tout le monde autour de thèmes qui nous touchent au quotidien, de près ou de loin », commente Daphnée Savoie.

De 2 à 4 protagonistes s’affronteront lors des débats, qui se dérouleront en deux parties. La première consistera en la présentation individuelle de la thèse de chaque orateur, pendant laquelle il n’est pas interrompu. Après cela, les trois jurés peuvent poser des questions. Ensuite, il y a un entracte, pendant lequel ils délibèrent à huis clos. La deuxième partie est consacrée aux attaques et aux ripostes. Par tranches de deux minutes successivement allouées à tous les orateurs, « c’est le temps de défendre son point », note Mme Savoie. Le jury et le public votent pour déterminer le gagnant.

Pendant le débat, un trio jazz, la Troupe des flâneurs romantiques, prendra part au spectacle, dans la mesure où les orateurs pourront collaborer avec les musiciens. « Un peu comme ça se fait dans certains matchs d’improvisation », observe Daphnée Savoie.

Les Débats de la pomme empruntent au débat philosophique, à la tribune politique et à l’exercice académique. « Ce que je veux, c’est un réel débat, oui politique, mais aussi je veux qu’on réussisse à rendre explicite l’usage des procédés rhétoriques. On est là pour mettre à jour les sophismes par exemple, et expliciter pourquoi ça a été aussi efficace sur les spectateurs », présente Daphnée Savoie.

Pour postuler, les candidats doivent envoyer leur candidature à l’organisatrice qui la remettra au jury. Toute personne intéressée peut postuler en écrivant un texte d’une page qui décrit sa position. Un choix des orateurs s’avère nécessaire « pour avoir des thèses différentes et bien documentées », expose Mme Savoie.


3 novembre : La crise de l’art contemporain en question

 

17 novembre : Le concept de responsabilité collective entre peuples

 

1er décembre : Évolution, involution : penser le transhumanisme.

Date de tombée des candidatures pour le 1er débat : 20 octobre, à l’adresse suivante : debatspomme@gmail.com

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