Les doctorants en psychologie se font entendre

« Aidez-nous à vous aider, la santé mentale est oubliée », ont scandé jeudi une centaine de doctorants en psychologie. Rassemblés devant l’Assemblée nationale, les membres de la Fédération interuniversitaire des doctorant(e)s en psychologie (FIDEP) souhaitent obtenir la rémunération de leur internat. Ceux-ci pourraient boycotter leur stage final si la situation ne parvient pas à évoluer.

Pour la FIDEP, cette action publique s’inscrit dans une campagne de sensibilisation et de mobilisation qui va croissante. Depuis neuf mois déjà, les doctorants en psychologie du Québec font pression sur le gouvernement et les institutions universitaires et de santé pour parvenir à une entente concernant la rémunération de leur internat.

La situation n’est plus tenable, estime Eddy Larouche, vice-président de la FIDEP. « Pendant l’internat, on offre 32 heures [sur 35] de services par semaine. Les 3 heures qu’il reste, c’est de la supervision. Donc on fait à peu près 80 % du travail d’un psychologue. Sauf qu’on n’est pas payé », résume celui qui effectue son doctorat à l’Université Laval.

Le Québec reste le seul endroit en Amérique du Nord où les doctorants en psychologie ne sont pas rémunérés pour les services effectués lors du leur stage final. Une situation insensée pour les doctorants interrogés, et qui détourne les futurs psychologues du réseau public de santé. « Le manque de reconnaissance pendant le temps de la formation, c’est sûr que ça marque. […] Les internes se retournent alors vers le privé », commente Eddy Larouche.

Diane LamarrePhoto : Margaud Castadère-Ayçoberry
Diane Lamarre
Photo : Margaud Castadère-Ayçoberry
Échos politiques

Pendant leur rassemblement, la députée péquiste de Taillon Diane Lamarre est venue soutenir les manifestants. « C’est une question d’un petit montant d’argent qui permettrait aux étudiants d’avoir cette reconnaissance pour des années d’investissement à étudier », déclare à Impact Campus la porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé et d’accessibilité aux soins.

Après de multiples demandes, la FIDEP s’est entretenue avec le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, et la ministre responsable de l’enseignement supérieur, Hélène David. « Nous avons senti le souci des ministres et de leur équipe d’établir un climat de collaboration afin d’analyser la situation des internes du Québec en fonction de divers paramètres propres à leur situation spécifique, dont la comparaison avec le reste du Canada », retransmet la présidente de la FIDEP, Josiane Jauniaux, par voie de communiqué.

Vers un boycott de l’internat?

Malgré cette rencontre avec les dirigeants politiques, la FIDEP brandit toujours la menace du boycott de l’internat et des stages par les doctorants en psychologie si leur demande n’est pas entendue. « Il y a 250 internes et 450 stagiaires en ce moment au Québec qui boycottent le stage à partir de l’année prochaine. On estime que c’est à peu près 12 000 patients qui ne recevront pas de services dans l’année 2016-2017 si jamais les choses ne sont pas mises en place rapidement », manifeste Eddy Larouche.

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