Les Sentinelles pour la prévention du suicide

Chaque année, des membres de la communauté de l’Université Laval sont formés afin de devenir des personnes ressources pour les étudiants en détresse psychologique. Ce sont les Sentinelles, formant ensemble un vaste réseau d’entraide.

Depuis 1999, un comité de prévention du suicide est en place à l’UL. Quatre volets s’y inscrivent : la promotion de la vie, la prévention, l’intervention de crise suicidaire et la postvention, c’est-à-dire les efforts de soutien aux proches en cas de suicide dans l’entourage.

« L’idéal est de prendre le problème avant que la détresse ne mène à l’acte », explique la psychologue Véronique Mimeault, grandement impliqué dans la réalisation du projet en 2008. Alors implanté sur le campus par la directrice du Centre d’aide aux étudiants, Louise Careauce, le programme des Sentinelles s’inscrit donc dans le volet prévention.

Qu’est-ce qu’une Sentinelle ?

Selon la psychologue, les Sentinelles sont d’abord et avant tout « des membres du personnel qui ont un intérêt pour la prévention du suicide et qui, de manière volontaire, ont reçu une formation d’une journée pour mieux déceler les signes de détresse psychologique de la part des étudiants avec qui ils sont en contact ».

Elle indique également que l’on peut facilement identifier les Sentinelles à l’aide d’une affichette à l’entrée de leur bureau ou sur le site Internet de l’université où leur statut y est aussi inscrit.

Un réseau stable

Depuis sa création il y a huit ans, le programme des Sentinelles s’est développé de façon notable. À ce jour, à l’Université Laval, on compte 30 unités impliquées et 142 Sentinelles, incluant toutes les facultés et plusieurs services aux étudiants.

Afin d’assurer une certaine pérennité au programme, la formation s’adresse uniquement aux membres du personnel de l’établissement. Mme Mimeault fait remarquer que la population étudiante est en constante mouvance, donc « si on s’adressait seulement à une clientèle étudiante, il faudrait recommencer à chaque année ».

Celle qui est également coordonnatrice du Centre d’aide ajoute tout de même qu’« on encourage l’initiative étudiante, et que des groupes ont, par le passé, fait une demande de financement à la CADEUL pour obtenir la formation de Sentinelles ».

Dépister et référer

Dans un premier temps, le rôle de ces bénévoles est d’évaluer les besoins de la personne dans une situation de mal-être. Puis, il s’agit de la diriger vers une ressource d’aide appropriée, compétente et professionnelle. Généralement, les références recommandées sont le Centre d’aide aux étudiants et le Centre de prévention du suicide.

Deux scénarios sont également possibles en cas de malaise psychologique. Le premier étant que la personne concernée approche elle-même une Sentinelle pour être référée à un service. Le second, que le membre du personnel encourage l’étudiant à consulter si il remarque chez celui-ci des signaux de détresse.

Démystifier la détresse

« Chaque année, près de 3000 étudiants font appel au centre d’aide aux étudiants, ce qui n’est pas rien », rapporte Mme Mimeault. Sauf que selon elle, « même en 2016, certaines clientèles ont encore de la difficulté à venir chercher de l’aide pour différentes raisons ». Les hommes seraient d’ailleurs une clientèle moins encline à aller vers des ressources de soutien en cas de besoin.

L’implantation du programme dans les facultés a également permis la démystification de la détresse psychologique sur le campus. La psychologue raconte qu’« à toutes les fois que le réseau a été présenté dans une faculté, ça a été un outil de sensibilisation important à la santé mentale des étudiants. Juste d’en parler, ça enlève un tabou ».

À l’Université Laval, les Sentinelles « créent une sorte de filet de sécurité humain. Plus il y a de gens sensibles à la détresse psychologique sur un campus, moins il y a de chances qu’on échappe des gens à travers les mailles, parce qu’ils se sentent soutenus », conclut Mme Mimeault.

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