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Objectif numérique 2017 : les villes intelligentes, des risques et des enjeux

Dans le cadre du colloque Objectif numérique 2017 : Vers des sociétés numériques et durables, Stéphane Roche, professeur au Département des sciences géomatiques et vice-doyen à la recherche, a illustré la notion de ville intelligente et les enjeux qu’elle soulève dans nos sociétés.

En ouverture, Robert Beauregard, vice-recteur exécutif à l’UL, a souligné la responsabilité de chacun face à la modernisation de nos sociétés. « C’est un enjeu de transformation de la société plus qu’un enjeu politique », croit-il.

« La ville est le principal mode d’organisation géographique des sociétés humaines », précise Stéphane Roche, au début de son allocution. « Pour construire des villes plus sécuritaires, inclusives, résilientes et plus durables, il faut déployer des stratégies numériques », rajoute-t-il.

Préférant parler de sociétés numériques qu’intelligentes, le professeur au Département des sciences géomatiques base son modèle sur plusieurs fondements. Parmi ces derniers, le terme smart reflète bien les qualités d’une société moderne. « Être smart, c’est être futée, agile, prendre des décisions rapidement, toujours être en mouvance. Le numérique apporte ces capacités », explique-t-il. Il cite en exemple la ville de Copenhague où un projet de « vélo-capteur » permet de récolter en temps réel des informations sur la qualité de l’air ou le niveau sonore à différents endroits dans la ville.

Les villes devraient développer leurs stratégies numériques en se basant sur l’ouverture et la transparence, affirme l’expert. « C’est important que ceux qui ont le mandat de gouverner la ville fassent preuve d’ouverture et expliquent les logiques derrière les décisions ». Ces villes devront utiliser la technologie pour faire favoriser la place des citoyens dans les dispositifs de réflexion, rajoute-t-il. 

Effets et menaces

 L’apparition des villes dites intelligentes aura certes des effets positifs sur la vie au quotidien des citoyens, mais elle soulève aussi certaines questions éthiques. Membre du Comité de travail sur la « ville intelligente », M. Roche se base sur le rapport La ville intelligente au service du bien commun, écrit par la Commission de l’éthique en science et en technologie du Québec, pour expliquer les différents enjeux.

Parmi les problématiques soulevées, le respect de la vie privée et de la dignité humaine dérangent certains experts. Dans le rapport de la Commission, on explique que « le développement de la ville intelligente repose principalement sur la collecte, le traitement, l’analyse, le recoupement et le regroupement de données, souvent à caractère personnel ». Stéphane Roche soutient que la condition nécessaire pour développer une forme d’intelligence, une surveillance permanente par caméra, nous met à risque d’un contrôle systématique.

Aussi soulevé par le conférencier lors du colloque, le rôle futur des technologies dans l’exercice démocratique suscite quelques craintes. D’un côté, le rapport souligne que le numérique pourrait aider et soutenir « les dimensions participative, délibérative, représentative et décisionnelle de la démocratie ». Toutefois, le risque d’utilisation des données à des fins de contrôle n’est pas impossible. On doit donc s’assurer du respect des principes démocratiques tel que la transparence pour garantir la légitimité démocratique, concluent les experts du comité de travail sur la ville intelligente.

Partenariat de 1,7 M$ pour le Centre de recherche en données massives (CRDM)

Lors de la première journée du colloque, le CRDM de l’Université Laval a signé une entente d’une valeur de 1,7M$ avec trois partenaires, Two Hat Security, Mitacs et l’Université Simon Fraser.

L’entente sera d’une durée de quatre ans et permettra la mise en place de 118 stages offerts à des étudiants de deuxième ou troisième cycle travaillant dans le domaine de l’analyse de données massives. « Les stagiaires auront comme premier mandat de travailler à l’amélioration du logiciel Community Sift, le logiciel phare de l’entreprise Two Hat Security qui permet aux modérateurs de communautés en ligne d’identifier et de filtrer automatiquement les contenus toxiques dans les conversations en ligne, notamment ce qui a trait à des tentatives d’exploitation sexuelle, d’intimidation ou de radicalisation », explique le CRDM.

Fondée en 2012, Two Hat Security est une pionnière dans le domaine de la sécurité automatisée en ligne. De son côté, Mitacs est un organisme national sans but lucratif qui promeut les collaborations entre l’industrie, les universités et le gouvernement au Canada.

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