Microbrasseries sur le campus : De la diversité sans concurrence

Une université, deux microbrasseries. Il faut le dire, les étudiants amateurs de bière sont choyés à l’Université Laval. D’un côté, on retrouve Microbroue qui distribue ses différentes bières depuis 2011 et de l’autre, Brassta qui a distribué entre 4500 et 5000 canettes de sa Rousse & Or. Malgré tout, il ne semble pas y avoir de concurrence entre les deux projets. 

Brassta oeuvre techniquement depuis 2006 à fabriquer de la bière. Cependant, c’est depuis 2012 que les choses se sont vraiment mises à bouger, notamment avec la création de la Rousse & Or, actuellement disponible au Pub universitaire. Quant à Microbroue, le comité a proposé depuis 2011 4 bières différentes, la dernière, la Revenante, étant offerte au Pub X. Aujourd’hui, que se passe-t-il chez ces deux brasseurs ?

Brassta : Vers une plus grande variété de bières

Actuellement, chez Brassta, c’est surtout sur l’obtention d’un permis de brassage que planchent les étudiants provenant de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation (FSAA). « Le but, c’est d’obtenir un permis de brassage dans la Faculté pour pouvoir faire des brassins spécialisés. Pour l’instant, tout ce qu’on fait est produit à l’extérieur du campus. On a le droit de produire le “jus de bière”, mais on n’a pas le droit de le fermenter », décrit Charles Paré-Plante, président de Brassta.

Sans permis de brassage, la microbrasserie n’a d’autre choix que de faire affaire avec un brasseur extérieur à l’Université. C’est Boréale qui a accepté de réaliser la fermentation de la bière produite par Brassta sur le campus. Justement, c’est aussi ce partenariat qui occupe les étudiants de la microbrasserie.

« Dans le fond, avec Boréale, on a une entente qui nous permet de brasser 5500 litres. C’est assez restrictif, il y a un risque financier important. Par contre, on est peut-être en train de développer un deal avec une brasserie qui est partenaire avec Boréale pour produire des plus petits brassins. Le but, ça serait de sortir des gammes de bière un petit peu plus funky », explique M. Paré-Plante.

Microbroue : Favoriser la recherche

Pour la microbrasserie de la Faculté de sciences et génie, c’est plutôt chez Archibald qu’est brassée la bière. Cependant, Microbroue ne semble pas aller vers la nouveauté quant à leur prochain brassin, qui sera fort probablement une nouvelle itération de la Revenante, presque écoulée. « Il n’y a plus aucune bière dans nos entrepôts. Si les étudiants souhaitent y goûter, il reste encore quelques fûts au Pub X », indique Michaël Tourigny, coprésident de Microbroue.

En effet, si la bière qui sera commercialisée en 2015 ne sera probablement pas une mouture originale, c’est que Microbroue s’axe surtout sur la recherche pour les temps qui viennent. « On travaille toujours sur notre levure 100 % québécoise », précise M. Tourigny.

De même, si pour eux la question de permis de brassage n’est pas un enjeu, c’est que la microbrasserie se concentre surtout sur la recherche, mais aussi sur la formation de chercheurs. « Plusieurs professeurs, quand ils ont affaire avec un ancien de Microbroue pour de la recherche, sont contents qu’il soit passé avec nous », ajoute M. Tourigny.

Une cohabitation pacifique

On pourrait croire qu’il n’y a pas assez de place pour deux brasseries dans une même université. Néanmoins, lorsqu’on le questionne, Charles Paré-Plante nie totalement : « Je leur ai prêté du gaz la semaine passée ! »

« Il y a une idée préfaite qu’on ne s’aime pas. On n’est même pas dans la même faculté. Si on avait été les deux dans la FSAA, il y aurait peut-être eu un petit grincement de dents, il y aurait eu plus de compétition », amène Béatrice Hamel, directrice des communications de Brassta.

Ce sont aussi les natures différentes des deux projets qui les amènent à ne pas se nuire. « Ce qui fait qu’on n’est pas en compétition, c’est qu’on a pas les mêmes expertises. Eux, ils sont assez forts en recherche. Nous on est vraiment plus sur les procédés de transformation, la production des matières premières », continue Mme Hamel.

Même son de cloche du côté de Microbroue: « On n’a pas la même clientèle. Brassta, c’est plus grand public, ils sont avec le Pub universitaire. Nous on s’adresse plus aux amateurs de bière avec des produits plus particuliers. »

En fait, s’il y a un seul désavantage à voir deux projets similaires, c’est sur le plan de la communication. « Des fois, les instances universitaires ne comprennent pas ce qui se passe. Les gens nous mélangent toujours », admet Charles Paré-Plante.

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