Photo par Simon Clark

Élection partielle dans Jean-Talon : l’appui de Québec solidaire source de malaise ?

On annonçait le 23 octobre dernier, que Frédéric Poitras, conseiller du maire Régis Labeaume, allait rejoindre les rangs de Québec solidaire (QS) pour les élections partielles dans Jean-Talon. Celui-ci a été présenté par la co-porte-parole du parti, Manon Massé, qui affirme appuyer sa candidature, ce qu’a dénoncé publiquement, Cedrik Verreault, l’un des trois autres candidats briguant déjà l’investiture de QS.

Cet appui «ouvert et médiatisé» a en effet fait réagir le plus jeune des quatre candidats, qui dénonce dans un communiqué transmis aux médias «l’ingérence et le favoritisme du parti» qui «désavoue la fameuse démocratie participative inscrite dans la déclaration de principes datant de la fondation de Québec solidaire».

D’emblée, en entrevue avec Impact Campus, le candidat établit qu’il ne vise personne de manière personnelle. «Ma sortie, l’intention n’était pas d’aller contre quiconque, que ce soit Frédéric, que ce soit Manon [ou] le personnel de QS qui est impliqué dans ces décisions-là.» Il ajoute qu’aucune règle à strictement parler n’a été enfreinte par le parti ou par ses membres, mais qu’il voulait simplement s’assurer «que le parti respecte la norme démocratique établie dans Québec solidaire».

Il précise aussi que bien que l’appui exprimé envers un candidat en particulier rend la démocratie interne inéquitable, le processus d’investiture «n’a pas été bafoué de A à Z». Cependant, l’étudiant en science politique à l’Université Laval juge que le processus d’investiture a perdu en qualité, mentionnant entre autres l’absence de vote par anticipation et le refus de QS d’organiser un débat entre les candidats, avant finalement de céder face aux pressions des militants.

Un message qui porte

S’il souhaitait avant tout s’adresser aux membres de la formation politique, Cedrik Verreault se dit étonné de la résonnance de son message dans les médias, alors que le communiqué a été repris sur la scène publique.

Il estime d’ailleurs que d’autres militants partagent également son malaise face à la situation. «Si j’étais le seul à penser comme ça, je ne perdrais pas mon temps à faire une sortie publique», ajoutant que le cas présent n’en est pas un isolé pour le parti.

D’autre part, certains militants le critiquent et rappellent les conséquences que de telles sorties médiatiques peuvent avoir sur l’unité du parti. Bien qu’il concède que ces inquiétudes sont valides, il justifie ne pas être «de la philosophie du gagnant à tout prix». Conscient des divergences d’opinion au sein même de son parti, Cedrik Verreault espère que ce dossier sera sujet de débat prochainement. Il ne veut toutefois pas condamner QS de façon générale.

«L’essence de mon message c’est, si Québec solidaire veut être le parti des rues et de l’urne, on ne peut pas mal vieillir, on est meilleur que les gens qui font de la vieille politique».

Québec solidaire n’a pas réagi publiquement à cette sortie. Aux communications, on nous a tout de même affirmé par courriel ne pas tenir lui [Cedrik Verreault] en tenir rigueur «même si ses propos peuvent être durs». «Il n’y a rien dans nos statuts qui imposent la neutralité des porte-paroles et des députés dans les courses à l’investiture», précise-t-on, affirmant que les candidats avaient été avisés de l’appui de Manon Massé pour Frédéric Poitras dans les jours précédant l’annonce officielle. Pour sa part, Cedrik Verreault qualifie l’absence de réaction de «silence qui en dit long».

L’investiture de Québec solidaire aura lieu le 30 octobre prochain à l’atrium du pavillon de Koninck de l’Université Laval.

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