Photo : Élia Barbotin

80e de la FLSH : Quel est l’avenir du journalisme ?

Dans le cadre de la Semaine des lettres et des sciences humaines, plusieurs experts du monde médiatique se sont regroupés dans l’objectif de démystifier les réalités du métier de journaliste à l’ère du numérique. Le constat n’est pas rose, mais il semble avoir l’espoir.

Florian Sauvageau, professeur émérite au Département d’information et de communication de l’Université Laval, souligne d’entrée de jeu les difficultés du domaine de l’information : « C’est vrai qu’il y a des difficultés énormes, surtout des difficultés financières. Ça ne va pas très bien, mais il y a quand même des rayons de soleil. Il y a des gens qui pratiquent leurs métiers avec plaisir, au service de l’intérêt public. »

En réponse à l’intervention de M. Sauvageau, Thierry Watine, professeur de journalisme à l’UL estime qu’il est possible de réinventer le métier avec « un pied dans le passé et une main dans l’imagination.»

La profondeur et la rigueur seront des qualités essentielles pour les nouveaux venus dans le monde médiatique, en plus de savoir prendre le temps : « alors que tout le monde court, il faut mettre le pied sur le frein pour bien analyser », rajoute l’expert.

La Presse +

Quel est le meilleur modèle médiatique pour survivre financièrement et offrir de l’information de qualité ? C’est l’une des questions les plus préoccupantes dans l’univers médiatique. Malorie Beauchemin, directrice du service actualités de La Presse, était présente pour dialoguer avec les étudiants de cet enjeu et du volet économique des médias.

La journaliste estime que le projet de La Presse +, qui remplacera totalement le modèle papier en janvier 2018, est une réussite. « À chaque jour, 250 000 personnes uniques ouvrent La Presse + sur une tablette », témoigne-t-elle en ajoutant qu’à l’époque du papier, le nombre de lecteurs frôlait les 200 000. Elle assure que le lectorat a aussi beaucoup rajeuni.

Grâce au modèle hybride et gratuit de La Presse, le temps de lecture a presque doublé. «Pour les annonceurs, c’est de l’or », explique-t-elle en rajoutant que le quotidien a réussi à transférer presque tous les lecteurs en plus d’en avoir des nouveaux.

Marolie Beauchemin assure que la fin du modèle papier à La Presse est l’aboutissement d’un long processus et la dernière grande étape pour le quotidien montréalais. La Presse + permet de travailler sur de long dossiers tandis que le site web de La Presse permettra de l’informations rapides et longs. « On sépare nos énergies et ça devient une force », témoigne la directrice aux actualités au quotidien.

Réviser la formation

Guillaume Lavallée, correspondant pour l’AFP de 2008 à 2015 au Moyen-Orient et en Afrique, est aujourd’hui professeur en journalisme à l’École des médias de l’UQÀM. Lors de la table ronde, il a illustré la tendance chez plusieurs de ses élèves à se diriger vers des médias émergeants, tel que Vice News.

Pour l’ancien diplômé de l’UL, le journalisme doit devenir plus authentique : «On vit dans une culture de l’authenticité, on ne veut pas d’un journaliste qui joue un rôle. On le veut plus authentique, vrai, une forme de journaliste au je. » Le défi est donc de réaliser des papiers ou des reportages à la premier personne, mais en conservant les grandes idéaux tel que l’honnêteté intellectuelle, ajoute-t-il.

Nous savons que l’anxiété de performance est très présente dans les milieux universitaires. Les étudiants en journalisme en sont aussi victimes, témoigne le jeune enseignant de l’UQÀM. « Devant l’échec, les gens s’écroulent complètement, il va en avoir beaucoup des échecs durant votre carrière », témoigne M. Lavallée.

Pour Florian Sauvageau, le domaine journalistique est influencé par plusieurs facteurs externes qui l’oblige à évoluer dans le temps et à revoir ses enseignements.

Vivre de la pige 

« Faire de la pige à l’internationale pour une femme, avec une famille et en étant heureuse, c’est possible », confirme Marie-Laure Josselin, pigiste d’expérience basée à Montréal. Même si la réalité du terrain n’est pas toujours facile, la journaliste soutient que la pige reste un métier passionnant « où tu as le pouvoir de choisir tes sujets. »

Pour réussir en tant que pigiste, la diplômée de l’UL offre quelques recommandations aux étudiants présents. «Il faut avoir pas mal de clients pour réussir, éviter de mettre tous ses œufs dans le même panier » en ajoutant « qu’il faut être curieux de tout, avoir beaucoup de disponibilités, être attentive à toute et savoir se débrouiller.

Un élément semble être partagé les cinq experts réunis : « la passion » pour le métier reste la clé du succès.

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