Photo : Barbotin Elia

Focus sur les dons planifiés à la Fondation de l’UL

D’importantes figures de l’assurance au Québec ont récemment donné 1 M$ à l’Université Laval sous forme de dons planifiés, dans le cadre de la récente Grande campagne menée par la Fondation de l’Université Laval. Un geste qui s’inscrit dans le volet élite du programme de dons planifiés Les Cent-Associés.

Mais qu’entend-on donc par le concept de « dons planifiés » ? Il s’agit en fait d’une somme d’argent remise par un individu après son décès, reflétant ses désirs philanthropiques. Le montant relève généralement du secteur privé. C’est ce qu’ont accepté de faire Yvon Charest, PDG d’iA Groupe financier et Charles Brindamour, chef de la direction d’Intact Corporation financière, tous deux anciens étudiants de l’Université Laval en actuariat.

« Québec est la ville de l’assurance, et c’est un milieu qui génère beaucoup d’emplois où plusieurs diplômés de notre institution y travaillent, indique Yves Bourget, PDG de la Fondation de l’UL. Ces deux présidents de compagnie ont personnellement décidé de redonner à leur université avec beaucoup d’enthousiasme. »

M. Bourget affirme s’être inspiré de la Compagnie des Cent-Associés pour créer un volet élite des dons planifiés. Créée en 1627, ladite compagnie regroupait une centaine d’actionnaires, dont Samuel de Champlain, qui appuyaient tous la vision du développement de la Nouvelle-France. Ces personnes ont chacune avancé un capital de départ de 3000 livres, qui correspond aujourd’hui à une somme de 1 M$.

Au Québec, le programme des Cent-Associés a pour but de réunir 100 donateurs qui accepteront de léguer 1 M$ à l’Université. Le projet comprend à ce jour 18 membres et n’a aucun objectif précis dans le temps. « Le concept a tellement frappé l’imaginaire que nous avons réussi à amasser 19,4 M$ en deux ans et demi, poursuit M. Bourget. Certaines personnes ont même accepté de donner plus que le minimum demandé. C’est une façon peur eux de laisser une empreinte durable aux générations à venir. »

L’optique de « donner au suivant »

La stratégie de la Grande campagne, qui s’est terminée en mai dernier, visait principalement les dons provenant des diplômés. Pour la Fondation de l’Université Laval, il y a là un moyen pour ces anciens étudiants de donner au suivant en investissant dans des bourses, des infrastructures et des projets de recherche, le but principal étant de faire rayonner l’institution.

« Il faut faire valoir l’importance de redonner à son alma mater », poursuit Yves Bourget, qui aimerait voir la philanthropie se développer davantage dans la communauté universitaire de Québec. Au Canada anglais et aux États-Unis, la pratique est déjà bien plus courante.

« Je ne questionnerai jamais pourquoi les gens décident de ne pas donner, car il y a toutes sortes de raisons, note le président. Toutefois, si tous les 296 000 diplômés donnaient 100$ par année, cela représenterait plus de 28 M$ en plus qui iraient directement aux étudiants. »

Un risque ?

Aux dires de la professeure titulaire et directrice du Département de finances,  assurance et immobilier de l’Université Laval, Marie-Claude Beaulieu, la hausse des dons provenant du secteur privé présente certains risques, quoique minimes, d’affecter l’indépendance des universités.

« Si vraiment les fondations d’universités ont de strictes règles de gouvernance et qu’elles capitalisent elles-mêmes les dons privés, il n’y a pas de problème, et ça peut même une bonne chose, dit-elle. La réalité est que le gouvernement a de moins en moins de fonds à donner aux établissements d’éducation supérieure. »

Selon l’enseignante, la situation deviendrait toutefois problématique à partir du moment où aucune structure de gouvernance n’encadrerait ces montants, et que les donateurs arriveraient à exercer une pression sur les chercheurs en menaçant de retirer leurs dons pour qu’ils publient des résultats de recherche le plus rapidement possible.

Yves Bourget se veut toutefois rassurant sur ce point. « Une fois que quelqu’un fait un don à l’Université Laval via la Fondation, l’argent ne lui appartient plus. Le donateur n’a que la possibilité de choisir où ira ce don. Ce n’est seulement la reconnaissance qui lui sera donnée en échange. »

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