Image tirée de la présentation Les écosystèmes du l'UL

Repenser le campus, tout un défi!

Dans le cadre d’un atelier de Design Urbain, des étudiants à la maitrise de l’école d’architecture de l’Université Laval, approchés par le Cameo (le Comité d’aménagement et de mise en œuvre de l’Université Laval), étaient invités à réfléchir au réaménagement du campus : la construction d’un hypothétique réseau structurant faisant partie des contraintes et des raisons de ce réaménagement. Impact Campus s’est entretenu avec deux équipes ayant participé au projet. L’équipe de Thibault Nguyen, Frédérique Trottier et Gabriel Lavallée s’est concentrée sur la création de cinq écosystèmes interdépendants dans le but de créer un campus plus vivant et plus dynamique tout en mettant l’accent sur la co-modalité et la mixité sociale.L’équipe d’Alexandra Gagnon, Rosie Cloutier, Léa Plante et Étienne Vigneau, quant à elle, s’est attardée au secteur nord du campus. Le projet tente de sortir l’Université Laval de ses limites et de créer un lien avec la ville. Les quartiers principalement étudiants autour de La Pyramide ont aussi été retravaillés.

Les écosystèmes de l’Université Laval : construire le campus du futur

Le premier écosystème, qui est l’écosystème central, est une station de tramway. « On propose une seule station de tramway sur le campus, au croisement du grand axe et de la rue du pavillon Desjardins », explique Frédérique Trottier. Nommé la station Université Laval, le nouvel aménagement comprendrait un dépanneur, une brûlerie, un système de billettique ainsi que des aires d’attentes extérieurs avec Wi-Fi. « Étant donné qu’elle est au centre du Grand Axe [la station], toutes les personnes qui vont arriver du tramway dans le campus vont pouvoir accéder en cinq minutes à la majorité des services proposés par l’Université, décrit Thibault Nguyen. Il ajoute du même souffle que le projet encourage l’augmentation de la marchabilité sur le campus. »

Le deuxième écosystème est la maison Sainte-Foy au sud du campus qui viendrait se rattacher au grand axe. « C’est un bâtiment qui va servir autant pour l’Université que pour la ville de Québec. Le bâtiment servirait de vitrine pour l’Université Laval, sur le boulevard Laurier, et permettrait d’avoir une bibliothèque municipale, des locations de ski de fond, raquettes, vélo, etc. Le but, c’est d’avoir une dynamique du campus qui s’ouvre vers la ville », précise Gabriel Lavallée.

Le quartier Desjardins est le troisième écosystème. Un quartier de résidence étudiante différent du modèle actuel, qui s’apparente plus au format d’appartements. « C’est comme si t’habitais dans un quartier de la ville, mais sur le campus. Le tout serait adossé d’un jardin et d’un bassin résilient. On pense que des aménagements comme ceux-là permettraient de mettre de l’avant le côté écologique et de développement durable de l’Université », ajoute Frédérique Trottier.

Thibault Nguyen souligne qu’il était important pour l’équipe « qu’on ne vienne jamais supprimer des boisés existants ou importants dans la construction des écosystèmes. On essaie de maximiser l’espace au sol des voitures avec des stationnements en silo ».

L’équipe a décidé d’installer des stationnements en silo en remplacement des cases de stationnements de surface actuelles, ce qui libèrerait d’immenses espaces. Environ une centaine de cases de stationnement seraient enlevées, mais l’automobile aurait toujours sa place sur le campus. En revanche, son importance serait diminuée, racontent les étudiants, qui veulent favoriser la co-modalité entre les différents modes de transports.

Le quatrième écosystème, intitulé, pôle d’échange, abriterait les stationnements en silo étagés, un nouveau pôle d’échange du RTC (Réseau de transport de la Capitale), une place publique ainsi qu’un institut d’hôtellerie. De plus, il y aurait une zone d’arrêt pour le tout nouveau trambus.

Le dernier écosystème est une maison étudiante qui permettrait d’enrichir l’expérience étudiante. Au nord de la station de tramway Université Laval, un nouveau pavillon de la vie étudiante servirait de lieu rassembleur. Une nouvelle place publique serait inaugurée au milieu des pavillons Alexandre- Vachon, Adrien-Pouliot, Jean-Charles-Bonenfant et Charles-De Koninck.

Tisser l’urbain

Le secteur nord et le secteur sud adjacent au campus sont fondamentalement différents. Seulement 5% des résidents du secteur nord sont propriétaires, comparativement à 85% du secteur sud. Il y a un taux de déménagement sur 5 ans de 78% pour les quartiers nord contre seulement 30% pour ceux du sud. Aussi, il y a une différence de près de 50 000$ dans le revenu annuel moyen des ménages entre les deux secteurs. « C’est un problème, parce que les gens habitant au nord n’ont pas de motivation à s’impliquer dans leur quartier, puisqu’ils vont quitter l’endroit le plus rapidement possible à la fin de leurs études », raconte Étienne Vigneau.

Il y a une typologie portante dans le secteur nord de l’Université, soit les immeubles d’habitations à trois, quatre, cinq étages. Selon l’étudiant en architecture, il s’en découle un milieu de vie assez désert, rempli seulement d’étudiants ainsi qu’un quartier beaucoup moins effervescent que s’il y avait une diversité de typologie. « L’idée derrière le Missing Middle Housing est d’identifier la ou les typologies manquantes qui pourraient accommoder d’autres clientèles (familles, jeunes professionnels, personnes âgées, etc.). Ce qui permettrait un milieu de vie plus complet, une vie de quartier plus intéressante et une plus grande mixité sociale, plutôt que d’avoir simplement des étudiants qui fréquentent le lieu de septembre à avril et qui repartent chez eux en été », dit-il.

Les étudiants en architecture ont observé dans plusieurs études qu’avec l’arrivée d’un possible réseau structurant, la population étudiante serait portée à se décentraliser. « Le quartier est déjà porté à se requalifier », note Étienne Vigneau.

Sa coéquipière ajoute : « C’est comme si les gens habitent là [Myrand, Chapdelaine, Sainte-Foy], parce qu’ils sont à côté de l’Université, mais maintenant qu’ils auront les services pour habiter à Limoilou ou Saint-Roch, où il y a plus de vie, ils vont pouvoir, puisque l’accès au campus sera encore plus facile. Les logements collés au campus vont possiblement se vider et la population étudiante va se déplacer vers des offres d’habitations plus intéressantes ».

L’équipe propose plusieurs autres changements importants, dont l’inauguration d’une toute nouvelle place Rouge et Or. « On veut extérioriser les services du PEPS en relation avec la communauté. On avait pensé à des cliniques de physiothérapie et d’ergothérapie pour la ville qui emploieraient des étudiants », raconte Alexandra Gagnon. « Le Rouge et Or est un symbole tellement emblématique pour la ville de Québec et il n’est tellement pas mis en valeur, ajoute-t-elle. La place Rouge et Or permettrait de faire rayonner la marque du Rouge et Or à Québec et d’offrir une porte d’entrée signalétique. »

« On a remarqué aux matchs du Rouge et Or qu’après la rencontre, ça finit abruptement et ça devient mort. La place Rouge et Or offrirait une place où les gens peuvent se retrouver après les parties avec des brasseries sportives », explique quant à lui Étienne Vigneau.

J’ai questionné les deux équipes d’étudiants sur les points forts et les points faibles du campus actuel. Voici ce qu’ils avaient à dire :

« Tout le côté des boisés, c’est un élément signalétique du campus qui permet d’afficher la présence de l’Université dans la ville. Lorsqu’on passe sur le chemin Sainte-Foy et le boulevard Laurier et qu’on aperçoit le boisé, on sait qu’on arrive près du campus. Cependant, c’est à la fois un point nuisible, puisqu’on n’a pas de vue sur la ville. Le campus est enclavé. »− Frédérique Trottier

« Le campus est très vaste et peu dense. L’espace inutilisé entre les pavillons est difficile à maximiser et gérer pour créer un esprit de communauté. Il y a peu d’aménagement pour les piétons »− Frédérique Trottier

« Le campus est immense et il y a de très grandes distances de marche entre les pavillons. On s’est rendu compte que le Grand Axe est sous-utilisé. On veut ramener le tout à échelle humaine. »− Thibault Nguyen

« La communauté sportive avec le PEPS attire énormément de monde et c’est un point positif du campus. »
− Gabriel Lavallée

« Le campus est déconnecté de la ville au niveau visuel en plus d’être assez monofonctionnel. Il vit aux heures de cours de septembre à mai. À part ça (le soir, l’été, la fin de semaine), il est mort. »− Frédérique Trottier

« Je ne viens pas de Québec, je suis passé deux trois fois devant le boisé et je ne savais même pas que c’était l’Université Laval avant de travailler sur le projet. On a de la difficulté à situer où est l’Université dans tout ça. »− Gabriel Lavallée

« Les gens qui habitent autour du campus, les étudiants, ils sont tous dans la partie nord, donc, pour nous, le campus doit aussi se prolonger dans ce secteur résidentiel. Il englobe les cégeps Sainte-Foy, Garneau et Saint-Lawrence et La Pyramide. Le point négatif, c’est qu’il [le campus] est vraiment fermé et que la communauté n’a pas vraiment accès à ce dernier. On s’est rendu compte que c’est un peu comme un grand carré où personne n’ose entrer s’il n’est pas étudiant et que le monde en général ne le connaît pas trop, outre leur propre pavillon. »− Alexandra Gagnon

« Le PEPS (Pavillon de l’éducation physique et des sports) est un point positif. Cependant, il vient vraiment fermer le campus à la ville. Si on pense à la distance entre le PEPS et le chemin Sainte-Foy, elle est immense. C’est juste un grand espace gazonné, il n’y a rien pour structurer le trajet que beaucoup d’étudiants empruntent quotidiennement. »− Étienne Vigneau

« Le lien entre le PEPS et La Pyramide qui est assez important, mais qui n’est pas mis en valeur. La rue du PEPS vient un peu s’arrêter lorsqu’on prend la sortie nord. Le parcours n’est pas agréable à marcher. »− Étienne Vigneau

« Le campus est tellement tourné vers l’automobile, surtout à l’entrée nord, et pourtant il y a une grande population étudiante qui habite au nord et qui se rend à pied à l’université. »− Alexandra Gagnon.

Consulter le magazine