Crédit photo: Laurence St-Jean

Revitaliser les haltes routières d’ici

Un groupe d’étudiants en architecture et design urbain de l’Université Laval fait beaucoup jaser dernièrement. Dans le cadre du concours Révéler l’ordinaire, ces quatre lavallois à la maitrise ont carrément proposé de revoir le système d’haltes routières québécoises en milieu rural. Un concept très bien reçu par le public et le jury.

Laurence St-Jean, Frédéric Quirion, Violaine Giroux et Julie Roy sont à l’origine de l’initiative Quand est-ce qu’on arrête?, dont le but est d’éveiller les consciences à toute la beauté derrière les aires d’arrêts parfois très monotones.

«On travaille beaucoup sur les villes, les espaces publics et les modes de déplacement actif de nos jours, mais on oublie les paysages ruraux, qui ont pourtant tant à offrir », explique Mme. St-Jean. Celle-ci estime que, dans ce contexte, l’halte routière est apparue à son groupe comme un point de travail à la fois local et régional.

Après s’être rendue sur le terrain, dans la région de Chaudière-Appalaches, l’équipe s’est rapidement aperçue que le potentiel des beautés naturelles, pourtant si près de ces haltes, n’était pas mis en valeur. «On a réalisé qu’elles n’offrent rien, affirme Frédéric Quirion. Elles ne montrent pas toutes ces collines, ces champs et ces rivières à proximité qui sont si magnifiques ».

Revoir tout un système négligé

Comportant 134 espaces d’arrêts publics, le réseau routier du Québec est imposant, mais plutôt fermé à la nature qui le côtoie. Laurence St-Jean estime que le manifeste de son groupe répond bien à ce problème. « Notre projet vise justement à ouvrir ces paysages et à faire des ces lieux des univers de découvertes, poursuit-elle. On en viendrait idéalement à inscrire les haltes dans notre parcours routier, par une meilleure signalisation ».

Depuis quelques années, plusieurs projets-pilotes concernant la modernisation de ces stations ont vu le jour au ministère des transports. Toutes ces idées se sont concentrées sur les grandes artères, témoignant d’un désintérêt pour les espaces ruraux, selon M. Quirion. « Lorsqu’on parle de routes régionales moins passantes, le gouvernement n’y voit aucun intérêt, raisonne-t-il. Personne ne voit cette force à découvrir sur le territoire ».

Un point que l’État norvégien a, quant à lui, bien compris, en intégrant les haltes routières à son territoire comme des destinations touristiques. En faisant appel à plusieurs architectes et artistes réputés, le pays scandinave a révolutionné la manière de prendre la route sur ses terres. «Ils ont revitalisé ces espaces et ont ramené la route à l’exploration, le voyage en automobile y étant devenu un voyage en soi, résume l’étudiante de 24 ans. C’est définitivement un exemple à suivre pour le Québec, par ces gestes simples et localisés ».

Le futur dans ce dossier

Laissées à elles-mêmes, ces aires rurales témoignent du déplacement des masses citoyennes vers les villes et du mouvement urbaniste. La première étape de la réappropriation de ces lieux passerait donc par un changement des mentalités. «Comme les gens ne s’y intéressent plus, il faut une prise de conscience collective, estime l’étudiant de 23 ans. On doit redonner des raisons aux gens de se rendre en campagne ».

Complété en trois semaines seulement, le rapport qu’a remis le jeune groupe s’est mérité une mention du jury et le prix du public, lors de l’évènement final au resto-bar le Cercle. Depuis cette date, les quatre étudiants ont certainement alimenté les débats sur le sujet. «Année après année, des gens retournent voir les projets du concours, conclut Laurence St-Jean. Le but, c’était donc de débuter une discussion, d’allumer les gens à ce dossier-là ».

Notons qu’aucune action n’a été intentée auprès du gouvernement, le concept n’ayant été développé que dans un contexte strictement universitaire. Pour en savoir plus sur le projet et pour visionner la vidéo explicative, cliquez ici.

 

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