Crédit photos autorisé : Simon Coutu, Vice Média.

Storm Alliance et l’anti-immigration aux frontières

Une nouvelle manifestation de l’extrême-droite, cette fois-ci dénonçant surtout l’arrivée massive de nouveaux arrivants, s’est déroulée sur les lignes frontalières à Saint-Bernard-de-Lacolle, ce samedi 30 septembre. Le regroupement identitaire Storm Alliance souhaitait ainsi démontrer son opposition aux politiques d’immigration du gouvernement libéral.

Face à eux, des dizaines, voire des centaines de manifestants antiracisme et pro-immigration ont manifesté leur opposition envers les positions du groupe Storm Alliance, qu’ils n’ont pas hésité à qualifier de « racistes ».

Le fondateur de l’organisation identitaire, Dave Tregget, s’est une fois de plus défendu concernant les intentions de son groupe, proclamant haut et fort « qu’ils ne sont ni racistes, ni anti-immigration ».

« On est ici pour dénoncer et les politiques de Justin Trudeau, et des libéraux, qu’elles soient économiques ou sociales, mais aussi les inquiétudes qu’ont les gens envers l’immigration, a-t-il affirmé à ses militants et aux membres des médias durant le rassemblement. Quand on parle des inquiétudes à propos de l’immigration, c’est le manque de ressources que M. Trudeau met en place pour aider les immigrants une fois qu’ils sont rendus ici. »

Par ailleurs, l’organisation affiche sur sa page Facebook : « Notre unique but est de protéger les droits du peuple. Nous militons pour la défense de la Charte des Droits et Liberté canadienne. Nous visons à protéger et préserver les valeurs canadiennes qui ont aidé à bâtir et définir le Canada comme le pays extraordinaire qu’il est. Nous cherchons à aider nos frères et sœurs canadiens et canadiennes dans le besoin. »

Des arguments qui, malgré tout, sont réfutés par leurs opposants, jugeant que le groupe Storm Alliance utilise un « langage populiste qui entraine une banalisation du racisme ». Malgré quelques accrochages entre les différents militants, aucun débordement majeur n’a été signalé, ne nécessitant pas une intervention plus intense des forces policières, qui étaient sur place en grand nombre pour protéger les agents de douanes.

Le militant connu de la gauche, Jaggi Singh, ainsi que le groupe Solidarité sans frontières, se sont rendus tôt sur les lieux, avant même l’arrivée de Storm Alliance, afin de prévenir les débordements.

« On est là pour un message d’accueil simple et ouvert pour les réfugiés. On a de la place pour tout le monde et il n’y pas une crise de réfugiés proprement dite », dit Anas Bouslikhane, membre et militante du groupe.

Et les jeunes dans tout ça ?

Souvent considérés comme une génération plus ouverte sur le monde, les jeunes âgées entre 18 et 24 ans étaient très présents du côté des manifestants pro-immigration. Il a toutefois été possible de constater la présence de jeunes ayant manifesté aux côtés des membres de Storm Alliance également.

L’agent de prévention au Centre de prévention contre la radicalisation menant à la violence (CPRMV), Maxime Fiset, pose toutefois un bémol sur la présence des jeunes qui ont manifesté auprès de Storm Alliance.

À sa connaissance, la quasi-totalité des membres de ce groupe sont « des gens âgés de 35 ans et plus ». Il mentionne que la majorité des jeunes qui étaient présents avec Storm Alliance provient probablement « de cellules skinhead de la région de Montréal et de Québec ». Celles-ci sont des groupes avec une idéologie similaire au sujet de l’immigration, en ce qui concerne la lutte contre l’islamisme radical et la défense de l’identité canadienne et québécoise.

« Malgré les causes qu’ils disent défendre, on ne peut cacher le fait que ce sont des groupes d’extrême droite, même s’ils affirment ne pas être contre l’immigration. Ils sont bel et bien antimusulmans », ajoute-t-il.

Questionné sur la possibilité que des groupes comme Storm Alliance et La Meute fassent du recrutement dans les universités, Maxime Fiset réitère qu’à sa connaissance, ces groupes sont peu présents autour des campus.

« La franche de l’extrême droite au sein des universités se trouve massivement au sein de la Fédération des Québécois de souche (FQS), dit-il. Les autres groupes ont cette difficulté à rejoindre les jeunes avec leurs valeurs qui se rapprochent plus de celle des baby-boomers. D’ailleurs, il y a plusieurs jeunes qui trouvent ridicules Storm Alliance avec leur look de bikers. »

Or, l’expert juge globalement que Atalante Québec et la FEQ ont une présence en ligne inquiétante qui peut rejoindre les jeunes sur les campus.

La prévention : un combat permanent

Même s’il se dit sûr que les étudiants universitaires ne tombent pas massivement dans le discours « simpliste » de ces groupes identitaires, Maxime Fiset maintient que la prévention doit se poursuivre au sein des établissements scolaires, spécifiquement dans les universités québécoises.

« Chaque école, chaque faculté, chaque organisation peut nous contacter pour en savoir plus sur la radicalisation. On a lancé récemment une campagne qui s’appelle Si j’avais tort, qui offre une grande quantité d’activités de sensibilisation à ce sujet-là », précise-t-il.

S’il constate que les universitaires sont mieux outillées, d’un point de vue intellectuel, pour éviter d’être influencé par les groupes d’extrême droite, l’agent du CPRMV déclare toutefois que les efforts doivent être intensifiés au secondaire. Les jeunes de cet âge seraient plus influençables aux discours de groupes de la droite identitaire, selon lui.

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