Photo : Ville de Québec

Tramway : Un projet positif pour Québec

Suite à l’annonce officielle de l’arrivée d’un transport en commun structurant à Québec, le sujet n’a cessé de faire parler sur les médias sociaux. En effet, une partie de la population semble totalement en désaccord avec le projet proposé et maintient qu’il ne réglera pas les problèmes causés par la congestion, soutenant qu’il aurait fallu, au contraire, proposer une amélioration du réseau actuel ou encore que le troisième lien est la vraie solution à la décongestion.

Impact campus s’est entretenu avec le chercheur et professeur de l’université Laval Jean Dubé, spécialiste en aménagement du territoire qui fait partie de l’École Supérieure d’Aménagement du territoire et de Développement régional (ESAD).

« C’est une des seules façons de se libérer du poids énorme qu’est l’auto »

Est-ce que ce projet de transport en commun structurant est une bonne chose? C’est la question majeure que nous avons posée au professeur Dubé. Celui-ci nous assure que oui. « Le but de ce projet est de réduire le nombre de véhicules et de décongestionner la Rive-Nord. Ce projet est probablement l’une des seules façons pour réduire la congestion. Ce n’est pas en agrandissant les routes ou les élargissant que cela se fera. Non, si on fait ça on va juste en amener plus sur les routes », explique-t-il. Ainsi, l’un des objectifs est aussi d’inclure un aspect environnemental et de réduire par exemple l’émission de gaz à effet de serre.  Dans ce cas, un réseau de transport en commun comme celui proposé semble incontournable.

En effet, M. Dubé prétend que  « c’est une des seules façons de se libérer du poids énorme qu’est l’auto qui est très axée sur un aspect individuel, qui prend beaucoup de place et pollue pas mal plus. »

Comment convaincre la population?

Par ailleurs, la population semble actuellement concernée par les défis auxquels le projet va devoir répondre. Jean Dubé nous explique que tout va se jouer selon la qualité du service proposé et aussi sur l’utilisation de celui-ci. En effet, il argumente qu’un des questionnements actuels est de savoir si ce service va être utilisé à la hauteur de ce qu’on espère voir. « Habituellement, les gens vont avoir tendance à valoriser les moyens alternatifs à l’auto et notamment les transports en commun quand ceux-ci vont être plus compétitifs, c’est-à-dire quand on va avoir un gain de confort ou quand le temps de déplacement dans les transports en commun ou actifs vont être équivalent, voire plus rapide que le temps de déplacement avec une auto. »

Le confort est un élément important à prendre en considération, explique le professeur. « On sait actuellement que les gens sont sensibles et s’attardent beaucoup sur le confort d’un mode de déplacement. Ainsi, si la proposition actuelle apporte un véritable confort, alors, il est fort possible qu’une partie non négligeable de gens migrent de l’auto vers les transports. C’est ce mélange, entre confort et efficacité, qui va être la clé de réussite du projet. »

Une question d’habitude

Après l’annonce du futur réseau, une part de la population s’est montrée très mitigée concernant l’efficacité de cette solution à long terme. Actuellement, la ville de Québec compte une très forte majorité d’utilisateurs de l’automobile. Le chercheur de l’Université Laval tient à nous rassurer : « c’est clairement une solution à long terme qui va faire changer les choses dans la ville de Québec. »

Pourquoi y a-t-il une telle opposition face au transport en commun à Québec? Actuellement le taux d’utilisation de l’auto est tellement fort, souligne l’expert. On sait que l’humain s’adapte très bien au changement, mais il reste réticent face à ce dernier. La situation actuelle fait qu’on dit aux gens « vous avez l’habitude de prendre l’auto, mais là, on va mettre un transport en commun et on va changer vos habitudes, explique l’expert. Malgré tout, la majorité de la population semble derrière le projet. De plus, il est fort probable qu’une grande partie du monde actuel qui est contre s’habitue et devienne à l’aise avec le transport. »

De plus, M. Dubé explique que vivre et grandir dans une ville où il y a déjà un transport en commun améliore considérablement les choses et fait en sorte que les générations futures sont bien plus habituées et enclines à prendre les transports en commun. « C’est quelque chose qui parait normal et nécessaire pour ceux qui ont grandi avec. » Le professeur nous indique que ce projet est « une colonne vertébrale » et laisse place à des futures améliorations qui pourront se fixer et complémenter une base suffisamment solide.

Un troisième lien réservé aux transports en commun?

Pour conclure, est-ce que le troisième lien est encore d’actualité? Jean Dubé répond que oui. « Cela va dépendre des objectifs. Si c’est de réduire la congestion sur la Rive-Nord, alors non ce n’est pas la solution. On construit un pont pour que ce soit encore plus facile de passer de la Rive-Sud à la Rive-Nord, et cela va créer des problèmes. Cela ne va jamais réduire le nombre de véhicules présents sur la Rive-Nord au contraire ce sera encore plus facile d’y accéder ! », s’exclame le professeur. En revanche, il soutient que l’idée de tunnel reliant les deux rives, réservé aux transports en commun, serait une bonne idée dans le but de désengorger les réseaux routiers.

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