Triste spectacle

« Tu devrais t’informer avant de parle, grosse crisse », a déclaré Norman MacMillan. Les propos ont été captés par le micro de son collègue Pierre Moreau, qui répondait alors aux questions de Mme Roy concernant Rémi Bujold, un ancien conseiller et lobbyiste au Parti Libéral. De bien drôles de propos pour un représentant d’un parti qui milite pour le retour du vouvoiement dans les écoles…

Et honnêtement, l’image ne peut pas être plus belle. En pleine recrudescence du dossier de la corruption et de la collusion dans l’industrie de la construction, M. MacMillan a fait la démonstration de ce que plusieurs craignent des Libéraux, soit d’agir différemment lorsqu’ils sont loin des micros et des caméras.

Heureusement pour les Libéraux, en raison du colossal rapport Duchesneau et de la présence en commission parlementaire de son auteur la même journée, les insultes lancées contre Sylvie Roy n’ont pas fait trop scandale dans la presse québécoise.

MacMillan a envoyé une lettre d’excuses au Président de l’Assemblée Nationale vendredi, ce que juge insuffisant Mme Roy, qui elle, exige des excuses publiques. Elle n’a pas tort, l’offense est grave et mérite plus qu’une simple lettre à l’interne. Par respect pour ceux qui l’ont élu, M. MacMillan a le devoir de réparer sa gaffe publiquement, sans quoi il ferait davantage preuve d’un manque de professionnalisme.

Ce qui est d’autant plus décevant dans toute cette histoire, outre le comportement de certains élus, est que les partis de l’opposition n’arrivent pas à percer une brèche et profiter de l’imposture libérale. On se contente de faire de la petite politique, prudente,  fade et sans couleur.

L’Opposition officielle péquiste est particulièrement accablante par les temps qui courent. Plaidant pour une enquête publique sur l’industrie de la construction à l’hiver dernier, le parti de Pauline Marois s’est fait plutôt discret sur la question depuis la sortie du rapport Duchesnau, voyant probablement le risque de se faire éclabousser au passage. C’est triste venant d’un parti qui demandait de la transparence il y a quelques mois.

Et les choses ne vont pas s’arranger pour le PQ. L’Option nationale de Jean-Martin Aussant, qui sera probablement marginale en terme de votes aux prochaines élections, ira quand même gruger dans l’électorat péquiste. Il y a un gros travail de rattrapage à faire pour Pauline Marois, qui malgré le soutien de ses membres, ne semble pas capable de satisfaire tout le monde au sein de son parti.

L’ADQ quant à elle se contente de travailler en coulisses en attendant Legault qui devant des sondages favorables, attend de voir si l’appui populaire n’est pas qu’une bulle temporaire. C’est probablement la meilleure décision pour les deux organisations, l’une ayant cruellement besoin de se remettre sur la carte, et l’autre ayant d’une structure établie pour gagner du temps en vue des prochaines élections qui pourraient se pointer dans les prochains mois. Mais au final, ça n’apporte rien à l’électorat qui ne demande qu’à faire confiance à ses élus.

Le triste spectacle se poursuit, et il commence à être trop long. Déjà que la participation politique est en baisse si l’on se fie aux taux de votes, il ne faudrait pas attendre que tous les spectateurs aient quitté la salle pour amener quelques punchs.

Consulter le magazine