Photo : Élia Barbotin

Trump à la présidence : une année de rebondissements

Voilà presque un an que Donald Trump est devenu président des États-Unis. Depuis son arrivée en poste, l’ancien homme d’affaires ne laisse absolument personne indifférent. Que ce soit par son style de communicateur, ses engagements politiques, ou tout simplement par son comportement, Donald Trump est un président totalement atypique. Thierry Giasson, Frédérick Gagnon et Érick Duchesne ont dressé un portrait des évènements les plus marquants de la première année de l’ère Trump. 

L’une des caractéristiques les plus frappantes chez Donald Trump est sans aucun doute son caractère agressif envers certains médias, notamment le New York Times et CNN. Depuis plus d’un an, ses tweets virulents se retrouvent souvent en manchettes dans les médias américains.

« Le playbook communicationnel est très similaire dans sa relation avec la presse et le point en commun de tout ça, c’est l’agressivité et l’attaque » souligne Thierry Giasson, en expliquant que le président communique toujours de cette façon avec ceux qui s’opposent à lui.

En apparence, on pourrait croire que Trump ne supporte pas certains médias seulement depuis son entrée en politique. Or, M. Giasson mentionne que le caractère du 45e président des États-Unis en tant que politicien ou homme d’affaires est intimement lié à sa relation avec son ancien avocat fiscaliste : Roy Cohn

Ce dernier, selon le professeur titulaire en science politique à l’Université Laval, aurait été l’homme ayant le plus influencé la philosophie adulte de Donald Trump.

Pour appuyer son point, il a cité un article paru dans la revue américaine Vanity Fair ayant pour titre : Deal with the devil. Dans cet article il est question de la personnalité de Roy Cohn, et à quel point celle-ci est similaire à celle adoptée par l’homme d’affaires tout au long de sa carrière.

« C’est un homme qui travaillait selon trois grandes stratégies : la première règle c’est de ne jamais régler à l’amiable et de ne jamais capituler. La deuxième règle est qu’il faut toujours contre-attaquer. La dernière règle est que, peu importe ce qui arrive, peu importe qu’on soit dans la merde la plus complète, il faut toujours revendiquer la victoire, toujours se présenter victorieux et ne jamais admettre qu’on est dans l’erreur », indique Thierry Giasson en citant l’article en question.

Toutes ces raisons permettent de comprendre en partie pourquoi Donald Trump n’a pas amendé son style en accédant au pouvoir.

Une politique intérieure conflictuelle

La campagne présidentielle de Donald Trump a été marquée par des promesses ambitieuses qui paraissaient impossibles à appliquer au rythme qu’il souhaitait.

Un an plus tard, force est d’admettre que le bilan législatif du président des États-Unis est assez mince, comme l’a souligné Frédérick Gagnon, titulaire de la Chaire de recherche Raoul-Dandurand.

Il indique que le républicain n’a pas saisi le fait que selon la constitution américaine, le président n’est qu’un acteur politique parmi tant d’autres, et ce faisant, il ne peut agir unilatéralement dans ses décisions. C’est pourquoi bon nombre de propositions du 45e président ont été jusqu’à présent rejetées par la Chambre des représentants et le Sénat américain, et ce, malgré la majorité républicaine dans les deux institutions.

L’incapacité de Trump à faire des compromis et le fait « qu’il ne veut pas jouer le jeu de la politique » sans oublier son habitude de vouloir discréditer tous ceux qui s’opposent à lui nuisent grandement à l’élaboration de la politique intérieure.

Par ailleurs, l’expert en politique américaine souligne déjà qu’il sera particulièrement intéressant de suivre les élections de mi-mandat en novembre 2018. Il rappelle que ces élections ont souvent un côté référendaire sur la présidence en cours et qu’il se pourrait que Trump perde sa majorité au Sénat et à la Chambre des représentants.

Pour ce qui est d’une éventuelle tentative de destitution, le directeur de l’Observatoire sur les États-Unis juge que le comportement de l’actuel président n’a pas été encore suffisamment répréhensible pour lancer une telle procédure. De plus, il croit que les démocrates vont attendre de connaitre les conclusions sur l’enquête de l’ingérence russe dans la campagne d’Hillary Clinton avant de tenter quoi que ce soit pouvant conduire à la destitution de Donald Trump.

Les États-Unis en retard économiquement

Une autre attitude marquante de magnat de l’immobilier est son obsession à se retirer ou à renégocier des accords internationaux.

Cette fermeture au modèle économique international pourrait éventuellement nuire à la prospérité économique des États-Unis, comme l’explique Érick Duchesne, professeur titulaire en science politique à l’Université Laval.

Il indique que le comportement du président américain, notamment envers la Chine, est en train de « faire manquer le bateau de la libéralisation économique » aux Américains.

Il ajoute que si le Canada perd des plumes à la suite de la renégociation de l’ALÉNA, le pays pourrait sortir gagnant s’il s’entend avec davantage de puissances économiques émergentes.

Les conclusions de ces trois politologues ont été émises en marge d’une conférence organisée par la Société d’honneur en science politique à l’Université Laval.

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