Quelle avenue pour le transport en commun?

Les commentaires du maire de Québec, Régis Labeaume, en faveur de l’élargissement des autoroutes Henri-IV et Robert-Bourassa, préoccupent une partie de la population en ce qui a trait au projet de tramway. Beaucoup considèrent qu’une telle mesure ne ferait que repousser le problème de congestion. Le maire n’est « plus convaincu à 100 % que le tramway est la solution aux problèmes de mobilité à Québec. Selon lui, c’est un moyen parmi d’autres », écrivait Le Devoir il y a deux semaines.

Frédéric Poitras, copropriétaire du complexe Le Cercle et candidat d’Équipe Labeaume dans le district Cap-aux-Diamants, rectifie la donne. « Je comprends les inquiétudes, mais elles ne sont pas nécessairement fondées, dans le sens où je tiens complètement au tramway et à l’électrification de notre mobilité. Je suis là pour me battre pour tout transport alternatif à la voiture, c’est sûr, on est dans les quartiers centraux. Les gens qui vivent dans le district n’ont pas besoin de prendre les autoroutes dont le maire parlait il y a une dizaine de jours. » Selon lui, M. Labeaume voulait que les automobilistes sachent qu’il les avait entendus, qu’il n’avait pas oublié ceux qui se sont achetés une maison. « M. Labeaume a parlé du transport en commun, il a parlé du tramway et de l’importance que ça a. »

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Frédéric Poitras s’implique socialement depuis 7 ans dans les activités entourant Le Cercle, vitrine de la vitalité culturelle qu’il y a au centre-ville, que ce soit par la cuisine, la musique ou l’art visuel. « Je suis le gars du peuple, je suis un entrepreneur socioculturel, j’ai ouvert un commerce qui a un comportement citoyen. Le Cercle est devenu un carrefour, un lieu de rassemblement où on brasse des idées. »

De son côté, Jean-Sébastien Gauthier, coordonnateur général d’Univert Laval, l’association étudiante environnementale de l’Université Laval, craint que le point de vue du maire de Québec ne soit que purement électoraliste. « Je pense qu’il tente de se rallier les citoyens de Québec dont la plupart n’ont pas encore compris les méfaits de l’auto-solo avant les élections. »

Frédéric Poitras estime que le transport en commun ne peut pas être imposé et que la solution consiste à laisser les gens faire des choix pour que les habitudes changent dans le but d’adopter un comportement intelligent. Il explique qu’il faut faire la preuve pédagogique des bénéfices des transports alternatifs à la voiture et proposer des options aux citoyens. Il parle de transports actifs, de pistes cyclables, de voies piétonnières, de rues partagées et d’autobus électriques. Il se donne pour mission d’écouter ce que les gens veulent et de leur permettre d’être bien servit peu importe le moyen. Il a une pensée pour Val-Bélair, entre autres, qui ne serait pas desservie par un tramway, mais qui devrait tout de même contribuer financièrement. Un résident de Lévis, étudiant à l’Université Laval, se demande également si un tramway lui permettrait d’arriver sur le campus et d’en repartir plus vite qu’en voiture.

Le coordonnateur général d’Univert Laval est catégorique à ce sujet. « La ville doit garder les préoccupations environnementales au coeur de ses enjeux. Un des buts de l’amélioration du transport en commun est de limiter l’étalement urbain et de densifier la ville intelligemment autour de centres urbains complets. L’élargissement des autoroutes contribue plutôt à cet étalement urbain, ce qui menace les terres agricoles limitrophes de la ville, en plus de favoriser le transport automobile et d’augmenter les émissions de gaz à effet de serre et de particules fines à Québec. Les citoyens qui s’installent loin des centres ont le même devoir que les citadins de payer pour les éléments bénéfiques à cette densification de la ville. Inversement, les résidents de la ville devraient-ils avoir à payer pour l’élargissement des autoroutes qui, en plus de ne leur servir à rien, leur nuit considérablement ? »

Loin d’écarter le volet écologique des transports, le candidat d’Équipe Labeaume souligne qu’il faut étudier la meilleure solution. Des voitures électriques, par exemple, diminueraient significativement la pollution, mais elles doivent quand même circuler quelque part. « Je fais partie de ceux qui vont se battre pour avoir le tramway. Le maire n’a pas dit qu’il ne le voulait plus, il est conscient que c’est très important pour nous. » Frédéric Poitras ajoute que « le tramway va engendrer des dépenses hallucinantes. » Les résultats des études seront attendus à l’automne 2014 « pour faire les bons choix pour dépenser l’argent des contribuables. On ne veut pas faire de Québec la ville de Los Angeles avec des autoroutes à ne plus finir. »

Jean-Sébastien Gauthier pense que l’électrification des transports est la voie à prendre pour la ville de Québec. « Le tramway est une option vraiment efficace qui ne nécessiterait pas une si grande modification des infrastructures actuelles et qui permettrait un transport rapide et efficace des citoyens entre les grands centres de développement de la ville. Une électrification de la flotte d’autobus du RTC est également envisageable dans un futur proche à un coût potentiellement moindre que celui du tramway. Il faut donc bien réfléchir au projet, mais en aucun cas, l’élargissement d’autoroutes ne saurait faire progresser la ville comme une amélioration du système de transport en commun. »

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