Des albums à glisser sous le sapin

Noël approche, breaking news. Mais deux constats. Le premier : on passera Noël en petites cellules familiales et faudra poster nos cadeaux. Le deuxième : le milieu culturel l’a eu rough cette année. Les enveloppes, c’est ce qui coûte le moins cher quand on envoie un colis. Qu’est-ce qui rentre dans une enveloppe ? Un album. Mais qu’est-ce qui est mieux qu’un album de Fifty Cent ? Un album québécois question de faire vivre cet univers-là, et parce qu’il y a des perles chaque année. Voici donc 15 suggestions d’albums (pas forcément en ordre) à offrir à soi ou à un être aimé.

Par Emmy Lapointe, cheffe de pupitre aux arts

en collaboration avec Émilie Rioux et Gabriel Tremblay de CHYZ

 

Les suggestions d’Émilie

 

Le Couleur – Concorde
Concorde est résolument la meilleure collection de chansons que nous ont offert à ce jour les rois du disco-pop montréalais. Les rythmes frénétiques et la voix aérienne de la chanteuse nous entraînent dans un voyage festif dont on ne revient jamais vraiment. Un cadeau pour les nostalgiques de la fièvre du samedi soir et des planchers de danse enflammés.

 

Les Hay Babies – Boîte aux Lettres
Un album concept épistolaire qui vous raconte l’histoire de Jackie, jeune acadienne en exil à Montréal. Entre deux mélodies psychédéliques et quelques refrains folks qui font écho aux années 60, on y redécouvre les Hay Babies sous leurs plus belles coutures.

 

 

Les Deuxluxes – Lighter Fluid
La flûte ensorcelante d’Anna Frances Meyer s’entremêle aux guitares abrasives d’Étienne Barry pour un deuxième album toujours plus grandiose. On apprécie Lighter Fluid pour ses nombreux détours mélodiques surprenants, cousus par la plume trilingue d’un duo rock n’ roll qui n’a rien à envier aux grandes pointures rock québécoises.

 

Antoine Corriveau – Pissenlit
Pissenlit est un disque effréné où on traverse une série de paysages pied au plancher, au son des guitares qui vrombissent en harmonie avec la voix rocailleuse caractéristique du chanteur. D’un détour à l’autre, le voyage nous amène dans une cours à scrap’ et sur le bord de l’eau où le piano résonne entre contrepoint avec un rock aux mélodies mémorables.

 

Gus Englehorn – Death and Transfiguration
Les premières chansons de ce nouvel artiste de la scène locale sont autant de comptines sombres étrangement accrocheuses. La simplicité est la clé chez Gus Englehorn : des guitares faisant écho aux 70’s et une batterie au rythme constant suffisent à nous engouffrer dans le plus sympathique des cauchemars, tapissé de vers d’oreilles.

 

Les suggestions de Gabriel

 

Dany Placard – J’connais rien à l’astronomie
Vieux routier du Lac-St-Jean, Dany Placard se paie un trip psychédélique sur J’connais rien à l’astronomie. Libérant sans retenue son âme de rockeur, Placard se lance dans de longues pièces enivrantes, reprenant les codes de la musique prog’ d’autrefois. Textuellement, il incarne un personnage déchiré par les excès, et ça lui va foutrement bien.

Comment Debord – Comment Debord
Vestige de la grande famille de Caltâr Bateau, le septuor s’échange les instruments de pièce en pièce sur un premier album (éponyme) tout droit sorti des années 70. Comment Debord c’est… un univers musicalement riche et des mélodies rock qui vous feront grouiller le bassin à coup sûr. Force est d’admettre que d’un point de vue littéraire, les protégé.e.s de Audiogram ont plus d’un ver d’oreille dans leur sac de lettres familières.

Gaspard Eden – Soft Power
Joey Proteau alias Gaspard Eden, c’est la nouvelle sensation «indie-rock» que l’Amérique du Nord attendait. Ce son à la fois rétro et contemporain a le potentiel de briser nos frontières. À mon humble avis, c’est la réalisation la plus aboutie, le plus beau volcan anglophone à entrer en éruption à Québec dans les dernières années. Si la formule gagnante de Gaspard Eden ne provient pas de sa plume et de la complexité de ses textes, la douce mélodie des refrains est agréablement omniprésente sur Soft Power.

Beat Sexü – Deuxième Fois
Le quatuor de choix pour de partys de bureau électro revient avec Deuxième Fois, qui est ironiquement leur premier long jeu. Le house band par excellence du Pantoum est plus dégourdi que jamais, proposant de vives textures auditives principalement «dance» disco et funk. Si le chant est plutôt accessoire, le mariage vocal (subtilement inspiré de la chanson française) entre Jean-Etienne Collin-Marcoux et Odile Marmet-Rochefort accompagne à merveille l’ensemble des trames festives.

Marie-Pierre ArthurDes Feux pour voir
Adulée par la critique aux quatre coins de la province, ajoutons un bouquet supplémentaire au top de la pile. Étonnant exercice stylistique pour Marie-Pierre Arthur, Des Feux pour voir est bien loin de la chanson folk-rock habituellement préconisée. Jouant principalement (dorénavant) avec les codes de l’électro-pop, la principale intéressée mise sur des arrangements musicaux grandioses. Constat d’admiration, ce dernier opus contient de réels bijoux, vocalement puissants comme le titre homonyme ainsi que Tiens-moi mon cœur.

Les suggestions d’Emmy

Abelaïd – Les coeurs du mal
Album qui m’a fait penser aux premiers de Daniel Bélanger : quelques maladresses, mais une poésie certaine. « Heureux parmi vous » m’arrache toujours un peu le coeur. Album qu’on souhaiterait écouter au milieu de la nuit avec plusieurs ami-es un peu ivres, mais il faudra attendre quelques mois pour ça.

Klô Pelgag – Notre-Dame-des-Sept-Douleurs
Le premier album de Klô m’était rentré dedans pour ses textes, le second pour la musique, et son troisième réconcilie les deux. Je ne dirais pas que l’album s’écoute de lui-même, il faut lui donner le temps de prendre son temps. On devrait toujours écouter, pour une première fois du moins, un album dans l’ordre, mais c’est peut-être encore plus avec avec celui-ci.

Viviane Audet – Filles montagnes
Sorti il y a peu de temps, j’aurais voulu cet album dès le début du trimestre d’automne question de varier un peu ma liste de lecture d’étude. Le néo-classique a gagné du terrain au Québec depuis quelques années, et c’est génial. L’album a une allure de samedi de septembre encore tiède. Quelques pièces rappellent l’album Una matina de Ludovico Einaudi.

Jimmy Hunt – Le silence
Jimmy Hunt n’avait pas sorti d’album complet depuis sept ans, mais l’attente en a valu la peine. J’avais presque réussi à oublier sa voix alors qu’elle ne s’oublie tout simplement pas. La plume de Hunt a vieilli, mais comme un bon vin. Le rythme de l’album est parfois en dents de scie, reste à savoir si c’est quelque chose qui vous plaît.

Charlotte Brousseau – Boucles
Ce n’est qu’un EP, mais la suite ne peut qu’attendue impatiemment. La voix de Charlotte Brousseau fait drôlement penser à celle Lou-Adriane Cassidy, ce qui est assez positif en soi. Elle a toutefois son univers musical bien à elle. Les arrangements musicaux sont précis et efficaces.

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