Alexandre Désilets au Théâtre Petit Champlain : Fancy première

En cette veille de la St-Valentin, Alexandre Désilets a offert au Théâtre Petit Champlain les chansons de son dernier album, Fancy Ghetto. Ce spectacle faisait office de coup d’envoi de la tournée, « parce que le lancement, ça compte pas », aux dires du principal intéressé.

Nœud papillon pendant négligemment à son col, le chanteur et sa bande de néo-dandys ne manquent pas d’énergie. Désilets se déhanche dès les premiers accords, visiblement chez lui après quelques secondes sur ces planches. Le groove y est, accompagné de toutes les meilleures intentions du monde. Malgré cela, c’est du côté de la sonorisation que le bât blesse : les paroles se fraient difficilement un chemin à travers tout ce son, et une agaçante distorsion trouble les aigus. La situation se rétablira un peu au fil des chansons, surtout à partir de la deuxième partie.

Au moins, impossible de s’ennuyer avec ce groupe de musiciens talentueux et visiblement de connivence. Infatigable, le chanteur saute au gré des coups de cymbales et se gâte du côté des effets vocaux inusités, aidé de machines discrètes mais efficaces (dont un Omnichord légèrement trafiqué). La pop est efficace et bien ficelée, supportée par des claviers sinueux, de la batterie précise et de lignes de basses propices aux ambitions chorégraphiques de la tête d’affiche. Malgré une cohésion artistique évidente, chaque chanson nous plonge dans un univers différent.

Le public va donc de surprises en surprise, particulièrement lorsque Désilets revisite d’anciennes chansons : ainsi, L’éphémère se fait un peu moins vaporeuse que l’originale, plus assise. J’échoue sera quant à elle interprétée sobrement, acoustique, dans la foule, pour un rappel intime qui eut visiblement la cote, avec son decrescendo final qui se rendra élégamment jusqu’à l’inaudible, pour une conclusion tout en douceur et dosée avec goût. Si loin, en version Motown, prend des allures de vieux slow à la nostalgie et au kitsch assumé. Du côté des nouvelles créations, Hymne à la joie, elle, se fait disco-ghetto. Les rythmes exotiques qui lancent Bats-toi mon cœur débouchent sur un rock assumé de façon fluide malgré le contraste.

Qu’on soit fancy, ghetto ou les deux à la fois, la prestation offrait à tous bien des beaux moments, tendres ou enlevés. Fancy Ghetto est dans les bacs depuis le 11 février.

 

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