La prétention comme moteur de création

Premier jour de neige. Une dizaine d’étudiants quittent la chaleur de leur appartement pour se rejoindre au café L’AnarChic. Leur motivation : une profonde envie de créer. Assis autour d’une table, se réchauffant les mains autour d’une tasse de thé, ils s’apprêtent à prendre part au tout premier atelier-jeu d’écriture de l’Aiguisoir de l’année scolaire.

Le thème de cette soirée de création : la prétention. De « prétendre être bon(ne) au ping-pong pour pogner » à « textuellement prétendre être qui tu veux de Marc Labrèche à une porte-patio », l’invitation Facebook appelait dès le départ à se laisser aller, sans trop se prendre au sérieux. C’est l’animatrice de la soirée, Gabrielle Mailloux, qui a eu l’idée du sujet. « Ça ouvre plein de portes pour l’écriture et c’est une bonne manière d’introduire les ateliers. C’est un thème très général, ouvert à tous », estime-t-elle.

En mode prétentieux

Pour le premier exercice, qui sert d’échauffement, Gabrielle propose aux participants d’écrire en mode prétentieux, en parlant d’eux ou d’un personnage. Puis, chacun doit piger une idéologie dans un sac et écrire un texte en étant un fier partisan de celle-ci. Communiste, écologiste radical, anarchiste, raciste, fasciste, tout y passe. Vient ensuite le temps d’imiter le style d’un auteur, que les auteurs doivent aussi piger. Parmi ceux-ci, on compte Gabrielle Roy, Émile Nelligan, Élizabeth Bégon, Victor Hugo et Anne Robillard.

Le quatrième et dernier exercice, sans contredit le plus drôle, invite les participants à piger trois noms de personnalités québécoises et de créer une histoire d’un style choisi au préalable entre aventure, horreur et amour. On retrouve ainsi un récit d’horreur mettant en scène Richard Martineau, Guy Jodoin et Xavier Dolan. Une histoire d’amour avec Marina Orsini, Marianna Mazza et Mike Ward. Et encore un récit d’aventures avec Sophie Durocher, Jean-Thomas Jobin et Stéphane Crête. Leur lecture donne lieu à bien des fous rires.

Une soirée décontractée

À la fin de chaque période d’écriture, d’une durée d’environ 15 minutes, les auteurs ont en effet la possibilité de lire leurs écrits pour le plaisir, sans qu’aucun jugement ne soit porté. On vient ici pour s’amuser. L’ambiance est légère, conviviale, on ne se prend pas au sérieux. Bien que les participants ne se connaissent pas tous, l’atmosphère est la même que lors d’une soirée entre amis.

Le directeur de l’Aiguisoir et étudiant en études littéraires, Guillaume Fiset, prône en fait des soirées anti-élitisme. « On veut faire quelque chose de plaisant, pas prétentieux, contrairement au thème de ce soir », explique-t-il avec le sourire.

L’équipe de l’Aiguisoir de cette année est assez réduite, composée de Guillaume et de sa nouvelle collègue, Gabrielle. L’atelier offert le 1er décembre dernier ouvrait la saison pour eux. La présidente du Cercle d’écriture de l’Université Laval, auquel L’Aiguisoir est affilié, s’est quant à elle dite très fière de sa nouvelle équipe. Elle participait à l’évènement en compagnie d’une amie intriguée par le concept, tout comme l’étaient Hubert et Keven, qui participaient à un tel atelier pour la première fois. « J’ai vu passer ça sur Facebook. Je voulais voir à quoi ça ressemblait », explique Keven, finalement très satisfait de sa soirée.

Le prochain évènement se tiendra en janvier et mettra le genre policier ainsi que le mystère à l’honneur.

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