Le Batman : Le règne de la nuit s’est installé à Gotham

Matt Reeves s’est lui aussi lancé dans l’univers de DC et réalise une énième adaptation des aventures de Batman après Frank Miller, Tim Burton ou bien Christopher Nolan. On pourrait légitimement se demander s’il est encore possible d’apporter de la nouveauté à ce personnage à la cape déjà bien élimée.

Par Camille Sainson, journaliste collaboratrice

Aidé de Greig Fraser à la photographie (qui a notamment travaillé sur le Dune de Denis Villeneuve), les scènes se parent d’une aura ténébreuse digne d’un film noir. Gotham respire la corruption, gangrène saisissante qui se reflète dans la pluie glaciale inondant les rues de la ville. L’ambiance ne pouvait être plus sombre, Bruce Wayne finit même par disparaître pour laisser place à cette part obscure de lui-même, à cette figure tangente qui ne représente ni le bien ni le mal. Incarnant d’abord la vengeance puis la justice, Batman se fraie un chemin parmi ce monde où la nuit est éternelle, où les jours ensoleillés ne sont plus qu’un lointain souvenir. Le réalisateur maîtrise le jeu sur les ombres, les contrastes, les noirs profonds, et rend ces espaces inquiétants, parfois horrifiques. Catwoman fait alors son apparition, mais reste malheureusement un personnage peu développé qui ne sert l’intrigue que pour son rapprochement, quelque peu étrange, avec Batman.

Il semblerait d’ailleurs que Matt Reeves oscille entre le film d’auteur et le blockbuster, une césure s’opérant dans le dernier tiers de l’œuvre, celle-ci se transformant en romance dramatique sur fond de scènes d’actions un peu chaotiques. Cependant, sa proposition cinématographique reste osée, loin du monde moderne et presque aseptisé de l’univers de Nolan, Reeves introduit une touche gothique, nous présentant ainsi un film à l’ambiance marquée, surplombée d’un pessimisme latent sur la nature humaine.

La musique vient quant à elle combler quelques lacunes scénaristiques, lacunes dans lesquelles on se perd parfois, noyés par une intrigue policière assez sinueuse. Robert Pattinson n’est pas non plus le point fort du film, son jeu restant assez classique et peu diversifié. On ne s’arrêtera donc pas sur ces détails qui, s’ils desservent un peu le film, ne devraient pas décourager les spectateurs. Nous sortons de ces trois heures de projection épuisés, drainés, parce qu’un voyage à Gotham ne peut pas être de tout repos et nous sentons que les thématiques abordées sont un écho direct à notre société actuelle.

Finalement, The Batman ne nous offre pas le portrait d’un héros, mais d’un homme prisonnier de son passé, tentant vainement de sauver une ville qui, jusqu’alors, n’a encore jamais vu la justice triompher.

© Crédits photo : Warner Bros

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