Photo : Urbania

Casser les préjugés pour une libération sexuelle

La Librairie Pantoute accueillait jeudi dernier la journaliste et chroniqueuse Lili Boisvert pour une causerie autour du désir féminin, sujet de son premier essai Le principe du cumshot. L’objectif était d’apporter un nouveau regard sur la sexualité des femmes et de mettre en avant toutes les barrières psychologiques qui bornent et orientent leur désir.

La causerie fut dynamique et interactive grâce à un public attentif et impliqué. Lili Boisvert a tenu haut la main son pari en jetant les bases d’une libération sexuelle des femmes. Bien trop de clichés relatifs aux comportements que les femmes doivent supposément adopter sont entretenus.

Une séduction aux critères asymétriques

Tout dans la mode féminine laisse suggérer que la femme doit attirer le regard, qu’elle doit mettre en valeur ses atouts pour séduire. En effet, les vêtements sont conçus pour être près du corps et mettre à leur avantage les formes des femmes. La mode masculine repose au contraire sur le confort, l’élégance ou le prestige. Aussi, les modes vont beaucoup changer d’une année à l’autre, et ces variations sont considérées comme tout à fait normales pour les vêtements féminins, à la différence de leur pendant masculin. Des hommes portant des pantalons serrés vont très souvent être marginalisés ou catégorisés.

Les comportements adoptés par chacun des deux sexes presque inconsciemment dans la rue sont souvent de véritables préjugés ambulants. En effet, les hommes n’ont pas à avoir honte de regarder une fille dans la rue. Alors qu’on apprend soigneusement aux filles à ne pas regarder, ou alors il faut le faire discrètement. Finalement, cela revient à valider qu’un comportement est normal dépendamment du sexe. Il faut casser ces préjugés, chacun des deux sexes devraient pouvoir connaître la sensation de regarder et d’être regardé. « La zone de flou devient alors une zone d’empathie », résume Lili Boisvert.

Diversifier son désir

Culturellement, un homme qui a de nombreuses aventures sexuelles va être admiré et même envié par son entourage, comme s’il avait accompli un véritable exploit. Par contre, une femme dans une situation parfaitement similaire n’accomplit rien d’exceptionnel. Au contraire, elle sera même souvent considérée comme une « fille facile ». Un même comportement, deux perceptions différentes. « L’homme est perçu comme un chasseur, c’est lui qui dirige l’action », déclare l’auteure. Donc lorsqu’il réussit à attirer une fille dans son lit, cela signifie qu’il est un bon chasseur, il a rempli son rôle. À l’inverse, la femme joue traditionnellement le rôle de la proie. Celle qui a du sexe, c’est celle qui s’est laissée chasser, qui a cédé quelque chose. Et ce même si c’est elle qui a pris les devants. Ce qui serait enviable pour une femme, c’est d’avoir des relations amoureuses, des « relations monogames avec un homme ».

Beaucoup de clichés sont véhiculés par rapport au désir, féminin comme masculin. Lili Boisvert affirme que « la femme désire être désirée, elle ne désire pas le corps de l’homme ». Ainsi, le désir de l’homme devrait survenir avant le notre, ce qui expliquerait le retard de libido de la femme. Pourquoi les femmes ne pourraient-elles pas désirer le corps de l’homme pour ce qu’il est, sans passer par le sien ? La chroniqueuse remarque également que le désir de l’homme hétérosexuel est, quant à lui, très encadré, « il n’est pas appelé à diversifier son désir ».

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