Critique CD : Le faux du soir de Mauves

Le faux du soir
Mauves
Abuzive Musik

 

Le faux du soir, troisième effort de Mauves qui suit Cinéma Plymouth et Rebrousser les Indes, vient prouver que la musique pop-rock franco québécoise n’a pas à se conformer à Rouge FM.

Le disque s’ouvre sur une pièce instrumentale presque jazz, Vespéraux, déstabilisante pour l’auditeur qui s’attendait à retrouver la pop habituelle de Mauves. Mais ce n’est pas une mauvaise surprise, loin de là. On croirait assister à une rencontre entre Pink Floyd, Harmonium et les Beatles!

Ruelles, la première pièce chantée, se lance en douceur, duo de voix et de piano, pour ensuite se terminer en jam de guitares et de lap steel joué par Benoît  « Shampouing » Villeneuve, qui signe aussi la coréalisation avec le quatuor ancré à Limoilou. Cléo, pièce de plus de cinq minutes, se démarque par son rock entraînant et ses harmonies vocales masculines plus viriles que les Beach Boys mais tout aussi « catchy ». Citron-Limes est surtout une pièce instrumentale, avec une ligne mélodique d’harmonica très sexy. Les musiciens nous démontrent leur inventivité, leur talent aussi. On ne tombe jamais dans le solo prévisible. C’est de la pop, mais pas automatisée.

Nuits américaines poursuit en balade, suivie par Montréal, planante : « Même si sous mon souffle tu t’étends/Et que courbent tes franges au mitan/Du lit ». Continue La roue et le mouvement, plus acoustique, douce, une balade en vélo sous la première neige, après une nuit au Bal du Lézard.

Un des points forts de Le Faux du soir est la poésie des textes, leur pertinence, leur absence de rimes faciles ou de remplissage par des lalala si populaires aux chansons pop. Ça s’entend dès Ruelles : « Si tu vois les aulnes à la fois/Dressés comme des heaumes/Et précaires comme l’auge de l’aube ».

Jean-Christophe Bédard-Rubin, Julien Déry, Alexandre Martel et Cédric Martel signent donc à quatre une œuvre cohérente, loin de la pop formatée sans tomber dans l’expérimentation uniquement accessible aux initiés. La voix d’Alexandre Martel, posée, douce, témoigne de la maîtrise de son art.

Et voilà que ça se termine, 37 minutes plus tard, sur une note de piano, et on se dit : déjà? Trop court, ce petit bijou!

4/5

 

Quoi? Le faux du soir (lancement)

Qui? Mauves

Quand? 23 novembre

Où? Le Cercle

 

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