Critique livre : Hiroshimoi de Véronique Grenier

Hiroshimoi de Véronique GrenierCourt récit de 68 pages. «Tu me tues, tu me fais du bien», lit-on en épigraphe. Subtil hommage au roman de Marguerite Duras, Hiroshima, mon amour. Hommage rendu par un style épuré, où l’amour et la haine persistent.

L’histoire se décompose en des fragments de vie amoureuse déjantée. Un genre d’amour-haine constant et poétique. On est loin d’un désir fluide et débutant, un summer love. On parle d’une relation inavouée, intense et puissante qui perdure, dissimulée. On parle de réflexions éphémères exprimées à la deuxième personne. Un « tu » qui peut devenir malheureusement lancinant.

Chaque nouvelle page emmène le lecteur à travers un bref chapitre, une image presque cinématographique. Un moment de la vie quotidienne figé par le « fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis ».

On tourne les pages, en quête d’un fil conducteur, d’une fin rafraîchissante. En fait, les phrases quelque peu décousues font perdre l’attention. Les chapitres défilent sans qu’aucun lien ne vienne harmoniser le récit. On se demande où l’on est.

Il faut voir cet œuvre d’une façon poétique. Des phrases douces avec des expressions trashs. Quelques sacres qui pimentent. Des parcelles qui semblent s’être écrites rapidement, sur le bord d’une table au restaurant. Des pensées embryonnaires.

On assiste à une valse entre deux personnes, sous l’œil absent d’une troisième, formant le triangle amoureux. Hiroshimoi raconte l’histoire de deux personnes volontairement emprisonnées dans leur désir mutuel. Leur narcissisme dicte la lecture.

Les émotions sont si fortes qu’elles balaient la structure littéraire. Les pensées sont écrites instinctivement, sans filtre, noir sur blanc. Un style qui peut plaire, séduire. Qui peut questionner, intriguer. Qui peut agacer ou décourager.

Extrait

Dans un café où l’on va souvent, où je détourne les matins ordinaires nous acheter un latte parfait, il y a nos jambes qui s’entremêlent sous la table. Nos vêtements coordonnés par accident, encore. Nos rires éclatent sans cesse. Les gens nous regardent nous sommes si beaux. Nos lèvres s’empoignent entre chaque gorgée.

2.5/5 

 Hiroshimoi 

 Véronique Grenier  

 Les Éditions de Ta Mère

 68 pages 

 En librairie depuis le 9 février 2016

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